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Amrouche : une famille, deux monde

mardi 28 décembre 2010, par Collectif.

Article publié dans « Le Soir d’Algérie » du 28 décembre 2010 http://www.pressealgerienne.org/jou...


Qui est Jean El-Mouhoub Amrouche ? Qui est Marguerite Taous Amrouche ? Qui est Fadhma Aït Mansour Amrouche ? Si l’on posait ces questions à nos lycéens et à nos étudiants combien d’entre eux sauraient y répondre ? Une infime minorité très certainement. Et pour cause, ces illustres personnages de notre histoire contemporaine, ces sauveteurs d’une large partie de notre patrimoine culturel sont officiellement entourés d’un mur de silence. Est-ce parce qu’ils sont kabyles et chrétiens de surcroît ? s’est-on demandé dans les débats. Ce n’est pas évident lorsqu’on pense à Mohammed Arkoun, célèbre penseur musulman disparu récemment.

Célébrée à l’étranger, la contribution de la famille Amrouche, de Jean en particulier, à la pensée universelle et à la littérature algérienne d’expression française est occultée en Algérie, pays d’origine pour lequel Jean et sa sœur Taous se sont voués corps et âme. Ce mur de silence vient de subir une brèche à l’occasion d’une journée d’étude sur la famille Amrouche, organisée, samedi 25 décembre, par la maison de la culture Mouloud- Mammeri de Tizi-Ouzou. La coïncidence de cette manifestation avec la fête de Noël n’a pas échappé à un intervenant qui a salué ce premier geste d’ouverture sur la communauté chrétienne du pays.

Cette manifestation culturelle tranche en effet avec l’ambiance de chasse policière aux citoyens de confession chrétienne et aux non-jeûneurs ponctuée par des procès et parfois des condamnations. Cet intérêt tardif vis-à-vis de la famille Amrouche est-il le signe d’une révision définitive de la position officielle traditionnelle envers les citoyens algériens de confession chrétienne ? Ça reste à vérifier. Ce premier hommage à la famille Amrouche n’est-il pas plutôt une diversion vis-à-vis de la chasse évoquée plus haut ? se demande-t-on encore.

Est-il réellement une tentative de réappropriation du patrimoine national dans toute sa diversité ? C’est peut-être l’intention des organisateurs qui essaient tant bien que mal de sortir de l’oubli de nombreux penseurs et hommes de culture en vie ou disparus. La déception exprimée avec véhémence par Sadek Aït Hamouda suite au montage poétique improvisé, dans l’après-midi, n’est qu’une illustration vivante des conséquences négatives du bricolage qui prévaut lors de certains hommages et semaines culturelles. A la déclamation musicale des Cendres et de l’Etoile secrète, poèmes de Jean Amrouche, il manquait l’élocution, la tonalité et la gestuelle théâtrale nécessaires pour émouvoir l’assistance.

En revanche, les conférenciers de la matinée, plus particulièrement Mme Amhis El-Djouher, auteure, et Slimane Benaziez, enseignant à l’Ecole supérieur de journalisme, ont retenu davantage l’attention des présents. Le premier s’est attaché à rendre vivante, attractive et transparente l’œuvre romanesque de Taous. La maison de l’exil, Jacinthe noire, Rue des tambourins et l’Amant imaginaire nous ont fait vivre, sous l’éclairage de Mme Amhis, les tiraillements internes, les souffrances morales, les interrogations sans fin, la force de caractère et l’indépendance d’esprit de Taous Amrouche la rebelle et battante qui, interdite de prendre part au Festival panafricain de 1968, a osé défier le pouvoir en donnant une conférence aux étudiants à Ben Aknoun.

Le second, natif d’Ighil Ali comme Jean El-Mouhoub, son voisin, a passé en revue les aspects marquants de la famille Amrouche, celle de Belkacem Amrouche et de Fadhma Ath Mansour, tous deux recueillis à 5 et 3 ans, élevés et mariés par les Pères blancs. Un foyer de 8 enfants marginalisé, rejeté dans son propre village et en Tunisie à cause de leur confession chrétienne qui, paradoxalement, ne les a pas protégés contre les affres de la colonisation.

Rentré de Tunisie après sa retraite des chemins de fer, Belkacem sera déclaré fellaga comme tout habitant du village. Jean El-Mouhoub, brillant journaliste de Radio France, sera renvoyé par le Permier ministre français à cause de ses prises de position en faveur du peuple algérien, son peuple, en guerre. L’ébauche d’un chant de guerre, poème dédié à la mémoire de Larbi Ben M’hidi et le combat algérien qui rappellent, entre autres écrits de même facture, l’engagement de Jean El-Mouhoub Amrouche vis-à-vis de la cause nationale, rend tout à fait inutile le questionnement de certains sur son algérianité et sur son patriotisme.

N’a-t-il pas servi d’intermédiaire entre le GPRA et le général de Gaulle avant d’être nommé membre de l’exécutif provisoire présidé par Abderrahmane Farès ? a-t-on rappelé au cours de cette journée d’étude, soulignant, par ailleurs, le caractère profondément humain de Jean Amrouche qui rêvait, à l’instar de Mouloud Feraoun, d’une Algérie plurielle, riche de sa diversité et de son glorieux passé plusieurs fois millénaire. Y. B.
— - Voir présentatuion remarquable de Jean Amrouche http://www.kabyles.net/Il-y-a-plus-...

1 Message

  • Une telle manifestation est certainement louable,mais permettez moi de donner ma modeste contribution à la question que vous posez sur une organisation de tels événements à la maison de la culture Mouloud Mameri de Tizi-Ouzou.

    L’objectif premier,recherché à travers ce genre d’ initiatives, dans cette enceinte,qui au demeurant n’est qu’une façade pour une mystification de plus,comme le furent tant d’autres, pour tout ce qui a trait à la renaissance réelle de l’identité kabyle.

    Certains et rassurés, que seule une minorité de citoyens connait les Amrouche et leurs oeuvres,comme vous le dites par ailleurs,ils destinent ces manifestations de conjoncture à l’adresse de l’occident.

    Pendant que localement un programme de salafisme rampant est mis en application avec rigueur et grands moyens,(voire les dépenses sans retenue dans les constructions de mosquées parfois dans des villages d’à peine quatre à cinq personnes qui prient ,comme si l’islamisation des contrées de Kabylie est à ses débuts).

    S’agissant d’un mur de silence qu’ils ont érigé depuis 1962,il ne l’est guère uniquement pour leur religion chrétienne ,mais parce qu’ils sont kabyles,pour preuve Mohamed Arkoun l’a été autant,même si ce dernier est musulman et islamologue,connu et reconnu partout dans le monde sauf chez lui en Algérie ( une amie enseignante dans le secondaire ignore jusqu’à son existence).

    Lors du festival panafricain de 1972, auquel elle n’avait pas été invitée,la grande Dame,la lionne " Thasseda"qu’était Taous Amrouche,elle a mis à rudes épreuves devant un parterre d’étudiants tous acquits à sa cause à Ben Aknoun ,le fameux Mouloud Kacem N’Ait Belkacem,l’envoyé spécial pour la perturber.

    Détrompons nous, nous n’avons rien à attendre d’eux,leurs soucis sont , de mystifier et de travestir notre et culture et notre identité,et les nouveaux harkis et Janissaires sont là, à obéir et à appliquer leurs directives à la lettre.

    Amicalement.


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