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Les militaires et harkis disparus. Evocation.

jeudi 3 avril 2008, par Claude GRANDJACQUES

Quel est le nombre des militaires disparus ? 1 000 ? Plus ? Les Archives du Service de Ministère de la Défense, pour la période de juillet à décembre 1962 uniquement, ont communiqué dernièrement le chiffre de 120 !

Il faut ajouter à ces chiffres ceux des harkis qui, dès après le 19 mars 1962 et après l’indépendance, ont été exécutés pour avoir choisi la France. Les chiffres de ces sacrifiés à la vindicte populaire donnent le vertige.


Voici quelques pierres à l’édifice de la mémoire... :

Le cas de 1956 est donné pour l’importance du nombre de disparus :

Le 1er novembre 1956, vingt militaires français disparaissent en pleine nuit. Enlevés par l’Armée de Libération Nationale - l’ALN -, la branche militaire du FLN, ils ne réapparaîtront jamais.

À l’époque, une seule information parvient aux familles : le village des Abdellys, le lieu de leur disparition, étant situé près de la frontière marocaine, ils auraient été emmenés au Maroc, où l’ALN dispose de bases de repli.

Pour cette affaire comme pour toutes les autres de même nature, le désespoir des familles de ces disparus, s’est heurté à l’indifférence ou au silence des administrations et des ministères français.


Quant aux massacres des harkis, qui constituent une honte pour notre pays, les estimations basses retiennent 60 à 80 000 victimes. (Jean Charles Joffret. Historien. "Le livre blanc de l’armée française en Algérie".)

Les massacres dureront jusqu’en 1966. Avec l’accord au moins tacite de l’autorité en place puisque "La Croix-Rouge recensait en 1966 13 500 profrançais incarcérés en Algérie. Encyclopaédia Universalis."

Voici deux exemples de cette tragédie des harkis : « ….. On apprendra le massacre de la harka des Beni Laalem (Grande Kabylie) soit plus de 600 personnes : hommes, femmes, enfants, vieillards. Beni Laalem est situé au sud du Djurdjura, 30 kilomètres au nord de Bordj Bou Arreridj. Les cadavres des harkis d’Edgar Quinet, désarmés par l’armée française en avril 1962, ainsi que ceux de leurs familles, seront retrouvés des années après dans un immense charnier dans les Aurès près de Kenchela. Histoire de l’Algérie. » Pierre Montagnon.


Les 2 cas suivants concernent deux appelés de la Haute-Savoie :

PERNOLLET Régis Joseph. Soldat Pernollet Régis

Commune de rattachement : PETIT-BORNAND - LES GLIERES Né le 13/09/1936 - Disparu dans la nuit du 13 au 14/04/1957 à Sétif dans le Constantinois (Algérie). Disparition liée à un enlèvement - Servait au groupe Hélicos n02 Citation : (B.O. des décorations, médailles et récompenses du 26 novembre 1964) Le Ministre des Armées cite à l’ordre de l’Armée à titre posthume : "PERNOLLET Régis Joseph, jeune soldat qui a toujours montré, depuis son arrivée, de grandes qualités de calme, de courage et de sang-froid. Le 13 avril 1957, à SETIF, a trouvé une mort glorieuse après une lutte sévère avec les rebelles par suite d’une trahison d’un élément de la garde du poste qu’il occupait. Dans le civil, il était un garçon sérieux, gentil et très serviable ; d’une grande sensibilité ; il était estimé de tous".

Voici l’article publié dans le Dauphiné Libéré du 15 décembre 2007 à l’occasion de l’inauguration du mémorial départemental aux morts pour la France en Afrique du Nord, inauguré 3 jours plus tard :

« En Haute-Savoie, 165 soldats sont morts pendant les combats d’Afrique du Nord. Un seul n’est jamais revenu. Une famille n’a jamais pu veiller sur le corps de son enfant, parti au service militaire un jour de novembre 1956.

Régis Pernollet, natif de Petit-Bornand, avait 20 ans cette année-là. « Quand il est parti, il avait le moral, je l’ai accompagné en bas de la route et je ne l’ai jamais revu. », se souvient, les yeux embués, son beau-frère, Gilbert Forestier.

Le soldat Pernollet embarque à Marseille le 24 novembre pour Sétif, en Algérie. « À 10 heures, on mit pied sur la passerelle, alors on pouvait crier" Adieu la France, mais à bientôt... .. », écrit-il.

« Rien ne vaut un Noël en famille. Mais tant qu’on n’est pas entre les mains des fellaghas, il faut s’estimer heureux »

Régis donne souvent des nouvelles à sa famille. Il raconte sa vie de soldat en Algérie. Comme cette veille de Noël 56 : « ... demain soir, nous ferons un gueuleton au réfectoire... Mais rien ne vaut un Noël en famille. Enfin, tant qu’on n’est pas entre les mains des fellaghas, il faut s’estimer heureux. » Ce sera son dernier Noël. Il disparaîtra dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril de l’année suivante, pendant son stage de formation à la caserne des sapeurs pompiers de Sétif.

« Le lundi matin, raconte sa sœur Josiane, j’entends cette information à la radio : "Six soldats ont été enlevés à la caserne de Sétif... J’ai tout de suite pensé à mon frère. »

Gilbert, lui, s’en veut encore d’avoir annoncé la nouvelle à ses beaux-parents, alors que rien n’est encore "officiel".

Ce n’est que le jeudi que le maire, averti par les autorités de militaires, annonce la nouvelle. Sans autres explications.

Du côté de l’Armée, les renseignements tombent au goutte-à-goutte. Le 2 mai, ses parents reçoivent une lettre de la base Maréchal de Lattre, à Sétif : « .. j’ai le pénible devoir de vous annoncer que votre fils a été capturé par "les hors-la-loi ... il se trouvait avec cinq autres de ses camarades ... Des complicités parmi certains membres du personnel civil français musulman ont, permis cet enlèvement …. Je vous assure de mon ferme espoir de vous le rendre un jour... »

Plus rien... La famille mène les recherches avec les moyens de l’époque : « Nous avons contacté la Croix Rouge avec l’aide de Maître Falleti de Bonneville. »

Les journaux sont épluchés, on se raccroche à toutes les rumeurs : « Des témoins racontent qu’on les aurait vus marchant pieds nus.

Ils sont morts sous la torture... ». De mois en mois, d’année en année, l’espoir de revoir un jour Régis s’amenuise. Plusieurs lettres sont échangées avec les familles des cinq autres disparus. Une manière comme une autre d’essayer de faire son deuil... « Régis n’a pas eu d’enterrement, ça a été très dur pour mes parents », avoue Fernand, son jeune frère, qui avait 10 ans pendant les événements.

En 1964, une plaque sur le monument aux Morts de Petit-Bornand rend hommage aux disparus d’Algérie et d’Indochine. Le nom de Régis Pernollet y figure, aux côtés des autres enfants de la commune.

Mais pour sa maman, ne pas revoir son fils, « vivant ou mort », devient insupportable. « Notre mère est morte de chagrin », confient les deux enfants qui lui sont restés. » Article de Sandrine Pernollet.


Un autre Haut-Savoyard a disparu en 1962.

Dutruel MauriceDUTRUEL Maurice Yves. Sergent. Croix de la Valeur Militaire. Commune de rattachement : VILLE-LA-GRAND / THONON Né en 29/05/1933 - Décédé le 27/06/1962 à Beni-Mered - Département d’Alger (Algérie)

Porté disparu - Servait au C.R.T.A. 20/361 - Base aérienne 140

Le Ministre des Armées cite à l’Ordre de l’Armée, à titre posthume, DUTRUEL Maurice, Yves - sergent - Compagnie Régionale de Transport Auto 20/361 - Base Aérienne 140 - N.I.A. : K. 10558.

"Jeune sous-officier mécanicien affecté en Algérie en décembre 1958 au titre des opérations de maintien de l’ordre. Doué de grandes capacités professionnelles, avait gagné la confiance de ses chefs et l’estime de ses camarades. Est mort pour la France le 27 juin 1962 à BENI-MERED (département d’Alger)."

1 Message

  • Les militaires et harkis disparus. Evocation. 18 février 2012 11:16, par Le GROGNEC Pierre-Yves

    Bonjour,

    J’ai perdu un oncle, LE GROGNEC Yves ,Adjudant, mort selon la seule fiche que j’ai, au combat à Sétif le 11 avril 1957. je suis à la recherche d’infos que seuls ceux qui ont vécu avec lui et leurs proches sont susceptibles d’avoir. Sa femme, ma tante est décédée et ma cousine, fille unique de mon oncle décédé au combat n’est pas en situation de réunir les éléments de la biographie de son père. Je suis donc preneur des moindres indices que vous pourrier trouver La concordance des dates et des lieux me permet d’espérer Avec mes remerciements


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