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Le conflit algérien, un drame français.

mercredi 6 mars 2013, par Serge CATTET

Le 1er novembre 1954, l’absence de réponse aux revendications de la communauté musulmane débouche en Algérie sur une rébellion armée conduite par le FLN. Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu décidé la veille à Évian met fin à huit années de guerre mais ne clôt pas le drame algérien.


Le conflit algérien, un drame français.

Le 1er novembre 1954, l’absence de réponse aux revendications de la communauté musulmane débouche en Algérie sur une rébellion armée conduite par le FLN. Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu décidé la veille à Évian met fin à huit années de guerre mais ne clôt pas le drame algérien.

De la revendication au conflit.

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Plaque commémorative en hommage à un combattant mort pour l’Algérie française

1er novembre 1954, l’Algérie entre en rébellion. C’est le résultat d’une politique qui s’est refusée à prendre en compte l’état du monde et de l’Algérie. Au lendemain de la 2e Guerre mondiale, l’effervescence internationale est grande ; la Guerre Froide bat son plein ; l’émancipation coloniale fait naître le Tiers-Monde avec la bénédiction de l’Onu ; la Ligue Arabe née au Caire en 1944 travaille le nationalisme maghrébin. En Algérie, au fil du temps, deux problèmes avaient été négligés, l’un social, l’autre politique. La crise sociale frappe le bled resté à l’écart du développement du pays ; concentrant la majeure partie des 9 millions de musulmans arabes et kabyles, il souffre de surpopulation, de sous-développement et alimente une émigration croissante vers les villes et la métropole. Soumise au régime inégal de l’Indigénat, la communauté musulmane revendique, dès le début du XXe siècle l’égalité politique avec la communauté européenne. La contestation croît sous l’influence de personnalités (Messali Hadj dès 1926, Ferhat Abbas en 1943) et l’impact de la défaite de 1940. Le 8 mai 1945, l’annonce de l’arrestation de Messali Hadj déclenche l’insurrection à Sétif. L’ordre restauré au prix d’une sévère répression n’est qu’une apparence.

La revendication est relancée dès 1946 avec la création par Messali Hadj du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) qui en 1948 opte pour l’insurrection. Alors que le Maroc et la Tunisie sont en état de soulèvement depuis 1952,1954 est l’année cruciale pour l’Algérie ; les radicaux du MTLD mettent sur pieds le CRUA (Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action) en mars, qui donne naissance en octobre aux forces de l’insurrection : le FLN et l’ALN. Le 1er novembre, la rébellion commence, l’indépendance de l’Algérie est son objectif. Le 9 novembre Mendès-France déclare : « L’Algérie, c’est la France ».

L’inutile victoire des armes

Trois phases rythment le déroulement du conflit : de 1954 à 1956 c’est la montée en puissance de la rébellion ; de 1957 à 1959 les forces de l’ordre gardent l’initiative, et de 1960 à 1962, c’est la priorité à la politique d’autodétermination. Isolée au départ la rébellion se généralise ; elle bénéficie de l’impuissance des forces de l’ordre, de larges appuis internationaux dont ceux du Maroc et de la Tunisie, bases arrières de l’ALN, et de l’adhésion forcée ou spontanée des populations. Implantés dans l’ensemble des massifs (Aurès-Kabylie-Ouarsenis..) les maquis (15000 djounouds) étendent l’insécurité ; forts de leurs succès, leurs chefs tiennent congrès (août 1956) dans la vallée de la Soummam pour confirmer les principes et les objectifs de l’Algérie révolutionnaire.

À partir de 1955, avec la création des SAS (sections administratives spécialisées) et des harkas, l’accroissement des effectifs (rappel de réservistes, extension du service militaire à 28 mois), la spécialisation des unités (quadrillage et réserves générales mobiles) l’initiative change de camp. L’année 1957 confirme le dynamisme de la " pacification " avec l’éradication du terrorisme à Alger (polémique durable de la torture) et la construction des barrages aux frontières qui asphyxient les maquis.

Dans les années 1958-1959, l’objectif de " l’Algérie française " semble l’emporter avec le retour de de Gaulle au pouvoir, imposé par Alger, et les offensives de Challe qui démantèlent les maquis de l’ALN. Le 16 septembre 1959, de Gaulle annonce l’orientation nouvelle de sa politique algérienne : l’autodétermination. L’armée est surprise, Alger se révolte. En janvier 1960 c’est la semaine des barricades. Le temps des négociations est arrivé.

Une fin de conflit dramatique

Deux années seront nécessaires pour surmonter les difficultés auxquelles se heurte la fin du conflit : les divergences entre le FLN décidé à l’indépendance et de Gaulle au seul cessez-le-feu, les refus déterminés des Pieds-noirs et de la hiérarchie militaire. En 1960, la pression internationale s’accroît à l’Onu et la position de de Gaulle s’assouplit. 1961 est l’année cruciale. Le principe d’autodétermination est approuvé par référendum (janvier). Les oppositions Pieds-noirs et militaires se cristallisent dans la création de l’OAS en février et la tentative de putsch des généraux en avril.

Les concessions successives de de Gaulle rendent possibles les discussions avec le FLN ; d’abord secrètes puis officielles (mars) elles se déroulent de façon chaotique dans une atmosphère tendue (attentats de l’OAS et du FLN). La signature à Évian de la " Déclaration générale des deux délégations du 18 mars " met un terme à des combats qui nous ont coûté 25000 hommes et 150 000 aux maquis. Le cessez-le-feu est appliqué le 19 ; les dispositions d’Évian sont approuvées par référendum en avril en France et en juillet en Algérie où l’indépendance est proclamée le 5 ; la France conserve pour un temps ses bases en Algérie (Mers el Kébir-Sahara).

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Départ des Pieds-noirs sur le port d’Oran , avril 1962

Mais les suites du 19 mars sont dramatiques. Le sang continue à couler ; aux crimes de l’OAS répondent en pire ceux du FLN ; la communauté Pieds-noirs disparaît dans un exode tragique ; abandonnés 70000 Harkis sont massacrés ; 500 de nos hommes tombent encore. Durement négocié, le contenu d’Évian sombre vite dans l’oubli, déclaré incompatible avec les perspectives socialistes de l’Algérie. L’incapacité de prévenir et de gérer la crise algérienne a été un drame pour la France confrontée à huit années de guerre, à l’épilogue redouté de l’indépendance de l’Algérie et ses suites malheureuses. Cinquante ans se sont écoulés, la crise algérienne n’est pas close ; douleurs, condamnations, outrances sont toujours d’actualité.

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La barricade Hernandez érigée par les insurgés Rue Charles Peguy à Alger

Article paru dans "la Voix du Combattant"- N° 1783 - Mars 2013

2 Messages de forum

  • Le conflit algérien, un drame français. 16 septembre 2014 22:05, par abdelkader wahrani

    Que veulent-ils ces insurgés européens (OAS) d’algerie. veulent-ils l’Algérie française ou l’Algérie pieds noirs sur le modèle sud-africain de Peter Bhota (avant Mandela). B.de leusse.

  • Le conflit algérien, un drame français. 16 septembre 2014 22:35, par abdelkader wahrani

    les derniers mois de la présence de la France coloniale a Oran, on a du mal a imaginer la pression et les souffrances endures par les algériens de la ville d’Oran pendant l’année qui a procédé le 5 juillet 1962, le FLN tentait de répliquer, mais le combat était complètement inégal organisation criminelle OAS et les Pieds-Noirs, qui jouissaient de complicités dans l’armée française et l’administration coloniale, disposaient d’un armement considérable, alors que les fidayyins se partageaient un petit pistolet pour un groupe de cinq a six, les morts algériens a Oran entre le 1er janvier et le 30 juin 1962, il y a eu 1200 victimes musulmanes, contre une poignée de tués Pieds-Noirs (espagnols-portugais-maltais-italiens-francais). Un évènement particulièrement traumatisant fut l’explosion simultanée de deux voitures pièges, le 28 février 1962, sur l’ esplanade (tahtaha) au coeur de ville-nouvelle (medina el djadida) il y eu 78 morts, sans compter les corps trop pulvérisés c’était un soir de ramadan, des milliers de lambeau de chair se sont répondus sur la foule très nombreuse, c’est cette foule-la continuellement agressés par l’organisation terroriste OAS depuis un an, qui soudain a laissé exploser sa ranceur, comme un abcès qui crève !. merci.


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