Mon cher Jean Louis
Tu es parti discrètement ce vendredi 14 mai 2021, entouré de quelques proches, après avoir eu la délicatesse de demander à Claude de me prévenir après la cérémonie.
Tu m’avais appelé il y a un mois pour me dire adieu, car tu te savais condamné. Moment émouvant où j’ai pu te dire que tu pouvais partir en paix après avoir mené ta vie durant le seul combat qui vaille, celui de l’éducation de la jeunesse en cherchant à équiper chacun de ceux qui t’ont été confiés d’une boussole orientée vers la dignité et le respect de l’autre chassant l’ignorance et l’obscurantisme. Pour toi, chacun de tes élèves comptait. Tu voulais accompagner tes élèves sur la voie du savoir et du respect de l’autre. Tu savais te montrer ferme et exigeant pour la bonne cause, celle de la réussite et de l’épanouissement.
Nous avions perdu le contact fin 1961, époque où j’avais quitté Bouzeguène. La lecture du livre « des Miages aux djebels » t’avait donné l’occasion de me téléphoner. Tu m’avais raconté brièvement ton parcours à Bouzeguene où tu avais vécu l’indépendance, puis au CEG d’Azazga. Quelle aventure extraordinaire au service de la jeunesse kabyle assoiffée d’apprendre malgré les difficultés du moment.
Je t’avais alors encouragé à témoigner. Tu t’es mis à l’ouvrage. Après avoir consulté tes archives et tes albums de photos, tu m’as fait parvenir des cahiers où de ta belle plume tu retraçais ton séjour extraordinaire dans cette Kabylie que nous avons aimée passionnément.
Aidé par mon camarade Jean Marc nous avons reproduit ton récit émouvant qui a été publié sur le site de Miages djebels dans deux articles : « Un jeune enseignant français en Grande Kabylie 1958-1973. (1re et 2e partie).
http://www.miages-djebels.org/spip....
http://www.miages-djebels.org/spip....
http://www.miages-djebels.org/spip....
Comme c’était le cœur qui parlait, tes évocations ont remporté un franc succès, car tes publications étaient agrémentées de nombreuses photos où tes anciens élèves aujourd’hui souvent grands parents se reconnaissaient. Bon nombre d’entre eux ont réagi façon touchante. Ces échanges chaleureux ont donné lieu en 2011 à une publication « Hommage au monde enseignant ».
Le pays du Mont-Blanc et la région des Volcans étaient désormais unis par l’évocation de la Kabylie. Que d’échanges entre nous. Quel plaisir de bavarder sans se voir. Nos cœurs battaient à l’unisson.
Mon cher Jean Louis, si désormais ton timbre chaleureux qui m’interpellait par un « allo » suivi d’un silence qui cherchait à me faire deviner qui est au bout du fil, va me manquer, je sais que bientôt nous nous retrouverons et que là où tu es tu n’as plus à m’appeler, je te reconnaîtrai sans peine dans ton habit lumière rayonnant d’amitié pour la Kabylie.
Repose en paix. Chacun de tes anciens élèves, considéré comme unique, gardera à jamais dans son cœur le souvenir d’un enseignant proche, droit et discret imposant le respect et la sympathie.