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Inauguration du Mémorial des disparus. Perpignan le 25/11/2007

vendredi 14 mars 2008, par Collectif.

Même si

……. Pendant toutes ces années, (depuis mon arrivée en France en 1962), j’ai pris exemple sur mes ancêtres qui un jour ont quitté leur pays natal, leurs connaissances, leurs habitudes pour se fondre dans une autre population, sur un sol inconnu. Jamais ils ne sont revenus sur leurs pas. Ils ont vécu dans le présent et dans l’avenir.

Même si les circonstances de leur exil furent moins dramatiques. A fortiori…..

Même si je n’ai, dans ce pays de France où je vis depuis quarante-cinq ans, – déjà ! aucun repère d’enfance auquel m’arrimer pour pouvoir considérer ces années algériennes comme un chapitre exotique de mon histoire,

Même si je suis faite de la terre de là-bas, de ses grands espaces, de ses eaux, de sa lumière, et de sa diversité d’alors,

Même si j’ai la sensation de n’être qu’une coquille vide habitée par un bernard-l’hermite, la substantifique moelle étant restée outre-Méditerranée à tout jamais, à l’insu de mon enveloppe,

L’inauguration du 25 novembre prochain à Perpignan, malgré sa raison d’être –ou grâce à - permettra d’atténuer l’amertume, pour lui substituer des sentiments apaisés. Sans pour autant envisager de faire le deuil - c’est-à-dire oublier, ce qui est une entreprise impossible, la mémoire échappant à la volonté. Dans attente d’une rencontre ce jour-là …..

Extrait de la lettre reçue, en octobre 2007, d’Hermine dont le frère Marcel, instituteur de 27 ans, a été enlevé et a disparu le 5 juillet 1962 à Oran.


Une journée qui fera date : Plus de 8 000 personnes rendent hommage aux disparus en Algérie .

Il revenait à Thierry Rolando, Président du Cercle algérianiste, d’ouvrir la cérémonie.


 : Nous ne souhaitons pas qu’une autre vérité s’impose à la place d’une autre, mais nous voulons que toutes les mémoires soient entendues.

« Oui, aujourd’hui, permettez-moi de vous dire toute ma fierté et ma reconnaissance.

Fierté tout d’abord, que le Cercle algérianiste ait tenu l’engagement pris, ici même à Perpignan, il y a trois ans, lors du grand colloque sur les Disparus, d’ériger ce Mémorial en hommage à tous ceux de nos compatriotes, fils et filles de cette terre d’Algérie qu’ils chérissaient tant et qui hommes, femmes, enfants innocents croisèrent un jour la haine sur leur chemin, cette haine qui allait les conduire au martyre.

Oui, fier de pouvoir, à vos côtés et avec votre soutien massif, inaugurer ce Mémorial, lieu symbolique de cette mémoire douloureuse mais aussi lieu de recueillement, de témoignage et d’espérance. Cérémonie Inauguration Mémorial

Mais aussi reconnaissant à l’égard de milliers de nos compatriotes, de centaines d’associations de Français d’Algérie qui ont répondu à notre appel pour que cette entreprise aboutisse.

Reconnaissant, enfin, à l’égard de Jean Paul Alduy, sénateur-maire de Perpignan, et de Jean-Marc Pujol sans lesquels rien n’aurait été possible et qui ont su être à l’écoute de cette souffrance et de cette exigence mémorielle.

Ce Mémorial, certes ne comblera pas les béances de la séparation, n’apaisera pas les souffrances indicibles.

Mais parce que notre histoire n’est plus de sang mais de mémoire, il nous permet de retisser le lien indéfectible qui nous lie avec ceux qui vécurent, il y a presque cinq décennies, l’innommable.

Ce Mémorial a pour vocation de rappeler à la mémoire des hommes avant que, le temps passant, les visages des Disparus ne deviennent que des ombres interchangeables, que ce martyre a bien existé.

Il constitue, enfin, pour les familles meurtries, qui ont enfoui depuis plus de quarante-cinq ans cette douleur au tréfonds de leur âme une lueur dans la nuit, une manifestation d’une vérité trop longtemps niée.

Alors que nombre de Pieds-Noirs, après avoir tout quitté, laissé là-bas les bonheurs d’enfance, la mémoire familiale, jusqu’aux tombes des plus proches, surent se rappeler à la vie et surmonter les premiers moments de colère et de désespoir, pour d’autres, frappés par l’injustice de la disparition d’un être cher et victimes de l’abandon, tout s’arrêta net.

Pour eux le désarroi et la détresse devaient être les plus forts, faisant de chaque instant de métropole un refus de vivre au-delà d’une mémoire engloutie dans l’épreuve.

Alors, aujourd’hui, c’est toute une communauté qui partage votre douleur, qui se réapproprie son histoire, se reconnaît dans votre épreuve et se souvient de ce drame.

Oui, aujourd’hui, plus que jamais la phrase de Pierre Emmanuel trouve pleinement son sens « Seigneur tu nous as donné ces morts en héritage, nous sommes devenus les pères de nos morts ».

Mais au-delà d’une reconnaissance de ces souffrances par notre communauté, la reconnaissance de celles-ci par la Nation est notre vœu le plus cher, parce que la République est grande quand elle est la mère de tous ses fils, la République est grande quand elle est la République de toutes les mémoires.

Aussi, comment ne pas souscrire aux propos que nous adressait, avant son élection, le 16 avril dernier, le président de la République « Près d’un demi-siècle après les faits, il est grand temps que toute la lumière soit faite sur ces disparitions, que des experts, historiens et chercheurs indépendants puissent véritable ment étudier le sort des Disparus et aider ainsi leurs familles à retrouver la paix. Il est grand temps de connaître la vérité historique des faits.

Il est grand temps de rendre à ces victimes et à leurs familles, les échos d’un passé dont elles ont été injustement dépossédées ».

Ces mots ont touché au cœur nombre d’entre nous, au premier rang desquels les familles de Disparus et c’est pourquoi, Monsieur le Ministre, ceux dont vous êtes aujourd’hui porteur de la part du président de la République, sont particulièrement attendus.

Mais au-delà du drame des Disparus cette inauguration représente plus encore.

Elle nous permet de dire avec sérénité mais avec force, aux négationnistes du drame des Pieds-Noirs et des Harkis, aux idéologues adeptes d’une vision hémiplégique de l’Histoire, à tous ceux qui considèrent qu’une seule vérité historique doit s’imposer et que les souffrances des Pieds-Noirs et des Harkis sont moins honorables que d’autres, que l’on ne peut disqualifier les souffrances qui sont portées aujourd’hui par les familles endeuillées.

Nous ne souhaitons pas qu’une vérité s’impose à la place d’une autre mais nous voulons que toutes les mémoires soient entendues, toutes les souffrances puissent s’exprimer, tous les drames soient reconnus.

Et puis, ce moment d’exception est enfin pour nous l’occasion d’affirmer que nous sommes une communauté debout, une communauté qui assume Son passé historique, une communauté fière de l’œuvre accomplie en Algérie, une communauté fière de ses racines.

Oui, en deux mots, nous sommes, Harkis et Pieds-Noirs, fiers d’être des Français d’Algérie »

Thierry ROLANDO.


Ce fut ensuite le dicours émouvant de Suzy Simon-Nicaise , Présidente du Cercle algérianiste de Perpignan.

Pendant la guerre d’Algérie, avant et surtout après le 19 mars 1962, des milliers de Français d’Algérie, Européens, harkis, militaires, ont disparu, enlevés sans laisser de trace. Ces drames terribles ont plongé pendant des décennies, les familles dans des souffrances, des larmes et de terribles interrogations.

En 2004, à Perpignan, nous avions pris l’engagement d’offrir à ces familles meurtries par la disparition d’un ou plusieurs des leurs, un lieu de recueillement.

Ce tombeau symbolique, tant espéré, le voici.

La mobilisation nationale a eu lieu. Cette union historique de notre communauté dans le souvenir de son passé le plus tragique a permis la réalisation de ce mémorial. Car en effet, c’est bien un droit naturel, imprescriptible, de tous les hommes de rendre hommage aux leurs. Comment les nôtres pourraient-ils en être exclus ?

En citoyens instruits de nos droits et nos devoirs, il est légitime de nous retrouver aujourd’hui en ce lieu de mémoire.

« O Chers Disparus, que vos noms soient absents ou gravés dans le bronze de ce mur, hommes, femmes, enfants de toutes origines, vous qui n’avez eu droit ni aux croix de bois, de fer ou de pierre, vous qui n’avez eu droit ni à l’étoile, ni au croissant, ni même à la colonne tronquée des agnostiques, hommes, femmes, enfants de toutes confessions, recevez ici l’hommage ému des vôtres qui n’ont rien renié de leur passé et qui ne vous ont pas oubliés ».

« C’est sa sœur qui me l’a di t : Roger, épicier à Bône, est parti ce 24 décembre 1958 pour une petite promenade à vélo. Il n’est jamais revenu.

François quant à lui, commande une SAS dans le Sersou, il est officier de réserve en situation d’activité. Il a une femme et quatre enfants. Le 24 avril 1962, il est enlevé dans la région montagneuse de Teniet-el-Haad.

Et toi que l’on appelait l’Italien. Tu avais 37 ans. Près d’Orléansville, dans la plaine du Cheliff, ta voiture a été stoppée. On ne t’a jamais retrouvé, ni ton épouse, ni ton bébé de 18 mois. Juin 1962.

Août 1962. Ils étaient six, six hommes, près de leur village de Saint-Ferdinand, dans le Sahel d’Alger. Disparus à jamais.

À 70 ans, Monsieur le maire d’un petit bled de la Mitidja, au pied de l’Atlas, a refusé de partir. Le 23 août 1962, il n’est pas parti de son plein gré...

Forgeron de son état, et bien décidé à rester vivre au pays, il est allé « faire des courses », entre Misserghin et Oran. Seul ce 6 juillet 1962. Sa famille depuis est, elle aussi, restée « seule ».

Avec deux gamins dans sa vieille voiture, le curé de Parmentier a été kidnappé près de Sidi-Bel-Abbès ; depuis plus aucune nouvelle.

Et eux, songeaient-ils à l’abandonner leur propriété dans le Sersou ? La mère 63 ans, son fils 37 ans, sa belle-fille 37 ans, son deuxième fils 34 ans, sa femme enceinte 28 ans, son petit-fils 2 ans et un ami de la famille, ont été arrachés à leur terre. 21 juin 1962.

Son frère a été assassiné en 1956. Hacène devient alors harki et, comme lui, son père aussi s’engage. Le père est arrêté en octobre 1962. « Trop français » ; depuis il n’a plus donné signe de vie.

En avril, peu de temps après le cessez-Ie-feu, sur une route de l’Oranie, le neveu et son cousin, 37 et 20 ans, l’oncle et la tante, 54 et 47 ans, sont arrachés aux leurs. Il y a avec eux Kheïra, 12 ans, la fillette qu’ils ont adoptée.

Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1956, Claude et son copain Patrick le Nantais, Michel le gars du Nord et, avec eux, dix-huit de leurs camarades militaires se volatilisent aux Abdellys près de Tlemcen.

À quelques kilomètres de là, au printemps de 1957 Louis taille sa vigne. Un peu trop tard le soir. La taille ne sera jamais terminée...

Entre Béni-Saf et Oran, ils sont partis comme des fous à la recherche de leur fils. La famille de Jean-Jacques n’est jamais arrivée nulle part. Leur fils non plus. 19 juin 1962.

Six jours avant, cet agriculteur, par ailleurs bon arabisant, est enlevé avec ses deux ouvriers musulmans. À eux trois, ils laissent trois femmes et douze enfants en bas âge.

Théodore, Henri, Antoine, Ange et André, Gérard, Solange, Jacques, Émile, Manuel, Marcel et Lucien, Jules, Marius et Claude, Christian, Yvon, Alain, son fils 14 ans et sa fille 19 ans, sa sœur et ses deux fillettes de 14 et 17 ans, et aussi l’ami de l’une d’elles, Christian, Eusebio, Joaquim, Michel et Joseph, Jean-Roger, Aline, François et leurs deux enfants, Huguette et Thomas, Paul, Youcef, Marcel, Élie, Renée, Francisco et MarieRose, Édouard, Joseph, Guy et avec eux des centaines de vieillards, d’hommes, de femmes, d’enfants, vont se volatiliser ce 5 juillet 1962 à Oran.

Robert et Chantal aussi, ils laissent neuf orphelins ».

Arrêtés, enlevés, kidnappés, jamais rendus, jamais revenus, enfouis, abandonnés, dissimulés, ce sont nos Disparus. Le mot est froid et juridique pour les administrations, il est pour nous douloureux, à fleur de peau, jamais cicatrisé.

Et c’est la raison de ce Mur. Non pas une réparation de l’irréparable, mais une reconnaissance, un hommage, une prière.

Action tardive sans doute, (il aura fallu attendre un demi-siècle !). Action d’une communauté d’exilés qui n’oublie pas et qui a le sens de ce qui est dû.

Soit dit sans acrimonie (la polémique ne sera pas de notre fait, pas ici, pas maintenant), un tel monument aurait mérité une réalisation plus précoce, d’envergure nationale et une initiative publique. Mais il sera notre fierté.

Je dis à chacun d’entre vous : quand vous passerez devant cette œuvre, découvrez toute la signification symbolique de son apparent mystère, ralentissez, recueillez-vous devant cette litanie de patronymes dont beaucoup vous seront familiers et qui, peut-être, sont les vôtres.

Ces noms sont gravés dans le bronze. Ce métal venu du fond des âges résonne d’une musique éternelle, la musique longtemps étouffée de notre mémoire.

Vous êtes entre les mains de Dieu, pour l’éternité, En nos cœurs pour la vie, En notre mémoire pour la Paix.

Suzy Simon-Nicaise


qui aura l’occasion de préciser également :

Un long chemin douloureux.

Longue a été la route qui nous a permis d’être là aujourd’hui.

Dès le 19 mars 1962, les enlèvements massifs ébranlent notre communauté. Quelques semaines plus tard, plus de 300 familles se regroupent à Alger, en juin 1962 et créent leur première association qui, immédiatement, réclame la libération des séquestrés et l’autorisation de visite par des associations humanitaires (Croix-Rouge et Secours catholique).

En métropole, les premières associations de rapatriés se mobilisent et demandent à l’ADDFA (Association de Défense des Droits des Français d’Algérie) créée en juin 1962, de prendre en charge ce dossier.

L’ADDFA conduite par son secrétaire général Jean-Yves Chevallier, est très active. Une famille de Disparu, la famille Jordan, dont je salue ici les descendants, met tout son savoir faire et son argent au service de l’association, lui permettant ainsi de faire fonctionner un secrétariat qui établit les premières listes d’enlevés.

Les premiers témoignages de familles sont recueillis et, peu à peu, le groupement s’étoffe. Il fera un travail remarquable et solide. Les parlementaires bienveillants seront informés, en particulier le sénateur Dailly qui, fort des témoignages reçus, demandera à maintes reprises des explications au chargé des Affaires algériennes, M. Jean de Broglie.

Une autre association, l’ASFED (Association de Sauvegarde des Familles et Enfants de Disparus) va mener également des démarches importantes notamment auprès du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

La SFDA (Souvenir des Français Disparus en Algérie) prendra le relais de l’ASFED avec, à sa tête, un homme remarquable le colonel Gaston Bautista qui est aujourd’hui absent pour des raisons de santé. Il m’a chargée de vous dire à tous combien il aurait aimé partager ce moment d’émotion et de recueillement avec vous. Depuis 1990, d’autres associations essayent de faire avancer ce dossier. Colette Ducos-Ader notamment, ainsi qu’un groupe informel de familles réunies autour de Mg’ Boz et de Jean Monneret joignent tous leurs efforts depuis 2003 pour se faire entendre.

D’autres associations ont tenté des actions en justice restées sans suite jusqu’à aujourd’hui. Les colloques organisés par le Cercle algérianiste sur ce thème, tant à Bordeaux qu’à Perpignan en 2004, ont permis .ln début de sensibilisation de ’opinion publique.

Des filles de Disparus ont, elles aussi, organisé des marches à Marseille en 2005 et 2006 dans cette perspective.

Les efforts conjugués de tous ceux qui considèrent qu’il est nécessaire de connaître la vérité commencent enfin à porter leurs fruits.

Suzy Simon-Nicaise


Un discours ensuite d’Alain Marleix, secrétaire d’État :

À ces hommes, à ces femmes, demeurés sans sépulture, je veux dire solennellement que nous ne les avons pas oubliés.

Parce que la mémoire est la vertu première d’une Nation, nous sommes, ce matin, réunis pour nous souvenir de toutes celles et ceux disparus au cours de la guerre d’Algérie. À ces hommes et femmes, sans distinction d’origine, de condition, de religion, qui sont demeurés sans sépulture, je veux leur dire, aujourd’hui solennellement que nous ne les avons pas oubliés.

Je tiens d’abord à vous remercier, vous tous présents, qui êtes venus accompagner la mémoire de vos parents, de vos proches et de vos amis disparus. Vous êtes ici pour témoigner d’une souffrance encore vive. Le temps a passé mais la douleur est toujours là.

Je pense à chacune de ces femmes et à chacun de ces hommes qui vécurent sur cette terre d’Algérie, dont l’engagement fut fait de ferveur, de fidélité et d’idéal, qu’ils soient Pieds-Noirs, qu’ils soient Harkis ou venus de métropole.

Je pense à vos familles meurtries par l’absence inexpliquée, par le deuil inachevé, et aux cicatrices béantes que rien ne peut refermer. Je sais combien leur existence, votre existence, en a été bouleversée pour toujours. Je sais quel tribut, par vos filles et fils, parents, proches et amis, vous avez payé à la France. Il y eut d’abord ces premiers jours où la nouvelle de la disparition n’était pas encore devenue une réalité. Il y eut ensuite ces moments où l’on bascule soi-même dans la colère, l’incompréhension et l’impuissance, où la souffrance emporte tout.

À chacune et chacun d’entre vous, je sais qu’il n’y aura jamais de mots assez justes pour décrire votre peine, votre solitude et votre désarroi. Sur ce mur figurent les noms de celles et ceux qui furent emportés dans la tourmente et dont le destin nous est resté, hélas ! inconnu.

Au nom du gouvernement que je représente ici aujourd’hui, je veux vous dire qu’aucun d’entre eux ne doit être oublié : ni oublié par les familles aujourd’hui réunies, ni oublié par notre pays.

Sur ce Mur, ils sont maintenant gravés dans la pierre pour l’éternité grâce à la municipalité de Perpignan et au Cercle algérianiste. Je veux donc remercier les associations qui, avec le concours du ministère des Affaires étrangères, ont permis de dresser la liste de ces Disparus, et leur permettre de retrouver leur place dans l’histoire de France, ici même à Perpignan, ville chère au cœur de tous les Français et si intimement liée à notre histoire. Cette histoire de France, il est de ma responsabilité, au sein du gouvernement, de l’appréhender dans toute sa grandeur mais aussi dans ce qu’elle a pu avoir de sombre. Je veux une « politique de mémoire assumée » comme j’ai pu le dire dernièrement lors de mon premier déplacement officiel en Algérie. C’est la raison pour laquelle je ne veux pas d’une politique de mémoire fondée sur la pénitence et la repentance.

Je veux une politique de mémoire qui véhicule les valeurs de notre identité républicaine, et porte haut notre fierté nationale.

Nous devons surmonter l’affrontement systématique des mémoires pour aller à l’établissement objectif des faits et à la vérité des événements. Pour atteindre cet objectif, nous devons bien évidemment accéder à l’ensemble des sources, des archives et des documents. Comme je l’ai rappelé récemment en Algérie, la France est toujours prête à ouvrir ses archives mais la règle de la réciprocité doit bien entendu s’appliquer. Je veux le dire le plus simplement et le plus sincèrement, la mémoire doit devenir ce qui nous rassemble enfin quarante-cinq ans après les faits. Parce que l’absence de l’être aimé ne saurait laisser derrière soi le sentiment de l’oubli, nous devons inlassablement rappeler la mémoire de celles et ceux qui ont servi la France.

Comme l’a écrit le président de la République à vos associations le 18 avril dernier : « près d’un demi-siècle après les faits, il est grand temps que toute la lumière soit faite sur ces disparitions, il est grand temps de connaître la vérité historique des faits, il est grand temps de rendre hommage à ces victimes et à leurs familles ».

C’est tout le sens de ma présence aujourd’hui à Perpignan, parmi vous, au nom du gouvernement de la République. Vive la République. Vive la France.

Alain Marleix

P.-S.

Ce fut ensuite la musique de la Légion qui rendit les honneurs aux disparus, puis le dévoilement de la plaque devant laquelle défilera le cortège receuilli des parents et des amis, accompagné par la mélopée douloureuse des noms des disparus.


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