Notre administration entretient l’opacité la plus complète sur ce drame et est dans l’incapacité d’annoncer officiellement combien de soldats français ont disparu pendant la guerre d’Algérie.
Dernièrement, le général Maurice Faivre, a mis en lumière plusieurs aspects de ce drame :
L’énigme des chiffres.
« Le nombre des militaires disparus est en effet une énigme non encore résolue de nos jours :
917 disparus à la date du 30 juin 1962.(Archives du Service historique).
1.000 JO du 29 janvier 1982.
Pas d’évaluation dans les JO de 1971, 1986 et 1999, ce qui fait penser qu’ils ont été ajoutés aux Morts pour la France.
348 selon Pierre Messmer, le 12 décembre 1961.
450 disparus sur 872 enlevés selon Louis Joxe.
546 (263 Européens et 283 musulmans) selon le Contrôleur général des Armées Duval en 1996.
218 noms dont seulement 42 avant le 19 mars 1962 (archives du Quai d’Orsay).
L’absence de croisement des listes établies :
- 265 noms par le CICR
- 279 ou 417 par l’UNC
- 269 par la FNACA
- 379 par l’ASFED.
- 384 selon le mur des disparus de Perpignan. (à vérifier) ».
Des ambiguïtés ou omissions :
« Alors que le site Mémoire des hommes précise les noms de tous les MPF des guerres de 1914, Indochine et Algérie, le mémorial du Quai Branly ne retient que des Morts pour la France (MPF) et ne précise pas les cas de disparition ».
Il serait temps que les Services de l’État mettent tout en œuvre pour faire la lumière sur ce douloureux dossier.
Depuis plusieurs années, les familles de disparus et les associations d’anciens combattants ont demandé que ces indéterminations soient levées.
Il est en effet incroyable qu’officiellement certains enlevés soient encore portés déserteurs : à la douleur des familles s’ajoutent la suspicion et la réprobation de l’entourage.
Comme le démontre le témoignage terrible d’André Aussignac, il est probable que certaines réalités cruelles enfouies au fond des placards, n’ont sans doute pas à être révélées surtout à un moment où il faut tout mettre en œuvre pour éradiquer un terrorisme sans frontière qui menace le monde.
Il n’est cependant pas acceptable que les militaires disparus ne soient pas considérés comme morts pour la France et que leur nombre ne soit pas connu de façon précise.
Le témoignage d’André Aussignac a été publié par le Point du 08/02/2002 dans son N°1534. Son cas a donné lieu, en novembre 1963, à une intervention du sénateur Étienne Dailly au Sénat. (Journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572).
André Aussignac, 60 ans, en 2002, appelé du 23e Rima à Alger, a été déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l’armée française.
- J’offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont été sacrifiés.
« Le soir du 21 juillet 1962, j’ai quitté, en uniforme, la Maison carrée (caserne) d’Alger pour aller acheter des cigarettes. Je suis tombé sur un barrage de musulmans en uniforme. Ils m’ont pris ma carte d’identité militaire et l’ont déchirée. Je me suis retrouvé dans une camionnette avec des civils européens, dont le propriétaire du véhicule. On a été conduits dans une briqueterie, déshabillés et jetés dans un four encore tiède.
Dans la nuit, d’autres Européens sont arrivés. À la fin, on était 17. Nous sommes restés là, entassés, sans boire ni manger, à redouter qu’ils allument le four.
Au bout de quarante-huit heures environ, nous sommes partis en camion bâché. Une fois dans le djebel, on nous a fait descendre et on a entamé une marche forcée de plusieurs semaines pour arriver à la mine de fer de Miliana.
Là, on nous a jetés à moitié nus dans une galerie. Dans la mienne, on était environ 60, mais il y avait d’autres galeries avec d’autres Européens. On nous obligeait à creuser avec des petites pioches. On avait droit à un verre d’eau par jour et parfois à un plat de semoule. Pour ne pas mourir de soif, on mettait nos slips dans les parois humides de la mine et on suçait les gouttes d’eau. Quand le plat de semoule arrivait, on se battait comme des chiens entre nous. Certains sont morts d’épuisement, d’autres se sont volontairement tués. Une fois, l’un d’entre nous a planté sa pioche dans la terre et s’est jeté sur la lame.
Un jour, un ministre algérien est venu visiter la galerie. Je ne me suis pas levé pour le saluer. Il m’a balancé un grand coup de pied dans la tête [la cicatrice à l’arcade sourcilière est encore visible].
J’ai essayé de m’évader deux fois sans succès. La première fois, en représailles, on m’a donné de grands coups de bâton sur les chevilles. La deuxième, on m’a assis sur une pierre, ligoté à un pieu et arraché les ongles des orteils avec une pince. La troisième tentative a été la bonne. J’étais avec deux autres copains qui ont été abattus. J’ai marché jusqu’à l’épuisement. Des pieds-noirs m’ont découvert évanoui et nu dans un fossé. Ils m’ont soigné, puis embarqué dans un chalutier en direction de Marseille.
Quand je suis arrivé chez moi, à Bordeaux, ni mes parents ni ma fiancée ne m’ont reconnu. Je pesais moins de 40 kilos [contre 70 avant son départ].
Le 22 juillet 1963, j’ai été arrêté par la gendarmerie de Villeneuve-sur-Lot. C’était pendant mon voyage de noces. On m’a interné au fort du Hâ pour "désertion en temps de paix" ! J’ai été brutalisé. On voulait que je livre les filières qui m’avaient permis de revenir d’Algérie. Je suis resté muet.
On m’a ensuite conduit à l’hôpital militaire Robert-Piquet. Sur la porte de ma chambre, on avait inscrit : "Individu dangereux, à ne pas mettre en contact avec les autres recrues".
Le tribunal militaire de Bordeaux m’a finalement acquitté. Je rends hommage au commissaire du gouvernement qui a plaidé pour ma non-culpabilité. Il a ensuite été muté.
En novembre 1963, le sénateur Étienne Dailly a évoqué mon cas au Sénat ( Journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572). Quelques jours auparavant, la Sécurité militaire m’avait menacé pour que je me taise. Mon histoire gênait.
Je me suis tu jusqu’à aujourd’hui. J’offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont été sacrifiés. »
http://www.wat.tv/video/temoignage-...
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AVIS DE RECHERCHE - François LE MERRE
Jean Le MERRE "Sénillé" 86510 CHAUNAY. Tél. : 05 49 59 12 97, recherche son Frère François, lieutenant S.A.S. de Dehemcha (Pérogotville-Kerrata-Sétif) porté disparu le 24 avril 1962.
Il aurait été vu le 30 avril 1962 au café CARBONNEL à Sétif.
Jean Yves JAFFRES, vient de sortir, en décembre 2009, un livre Militaires français prisonniers du FLN ou disparus en Algérie qui donne un visage et des indications sur un certain nombre de disparus. Un travail minutieux , une recherche émouvante.