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Les Beni Yenni et les Akbils au fil des quatre saisons en 1961. Reportage photographique d’un médecin militaire de la SAS d’Aït Saada. 2ème partie

lundi 8 février 2016, par Claude GRANDJACQUES & Jean Luc BOUCHER

Diaporama N° 2

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Ces deux diaporamas constituent un véritable reportage au coeur de la Kabylie. Les photographies sont l’œuvre d’un médecin au grand cœur doublé de talents d’artiste. Elles ont été prises en 1961. Leur découverte, 55 ans plus tard, relève du conte de fées. Une histoire d’amour pour la terre kabyle.

Ce reportage est dédié :

À tous les Jean Luc qui sous l’uniforme ont soigné la population avec cœur et dévouement.

Aux mères de famille de Kabylie représentées par cette madone et ses trois enfants, qui respire la fraîcheur, la grâce, la dignité, la pureté, l’instinct maternel.

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Sur la DZ d’Aït El Azis ?,
un jeune gymnaste participe à un concours de saut en hauteur.

À tous les Idir qui veulent construire des ponts et non des murs.

À Ali et Hamiche d’Aït El Azis qui, fin 2004, ont guidé Claude jusqu’à Ait Atta où son frère Alain est tombé le 8 juin 1960. Hamiche avait alors 16 ans. http://www.miages-djebels.org/spip....

Claude


Pour compléter le tour d’horizon, il n’est pas interdit non plus d’aller faire un tour au diaporama Au cœur du Djurdjura, à Aït Daoud, autrefois http://www.miages-djebels.org/spip....

Il était une fois un médecin aujourd’hui en retraite qui, il y a 55 ans, accomplissait son service militaire en Grande Kabylie.

« Tout a commencé par « l’eau vive », la chanson de Guy Béart », raconte Idir d’Aït Saada. Après l’avoir fait chanter par les enfants du village, je la présente sur la page d’accueil de mon premier blog » [1]. https://www.youtube.com/watch?v=r95...,

La mélodie passe la frontière et suscite en réaction le commentaire ému d’un internaute français du Jura.

Celui-ci se souvient. C’était pendant qu’il accomplissait son service comme médecin à la SAS d’Aït Saada en Grande Kabylie. Les enfants de l’école la chantaient en classe. La classe était animée par un instituteur du contingent.

« Les anciens du village se souviennent aussi, raconte Idir. Une sexagénaire se rappelle parfaitement non seulement des instituteurs militaires, mais également du médecin officier, d’ailleurs fort sympathique, qui venait même soigner à domicile. Il prenait des photos ».

Par Internet, l’ancien médecin lui donne des indications sur son parcours militaire. « La France Vincennes, Mourmelon, Brives, puis l’Algérie avec un court passage à Maillot, et une affectation au 7ème BCA (Bataillon des Chasseurs Alpins) à Tassaft Ouguemoun et un détachement à la SAS d’Aït Saada (novembre 1960 à février 1962 ».

Il fait parvenir à Idir des photos. Celles-ci accompagnent dorénavant la chanson et constituent un lien fort entre le passé et le présent.

C’était à l’automne 2015.

En décembre 2015, Idir découvre le site de Miages-djebels et depuis la Kabylie met Claude en contact avec le médecin. Celui-ci habite St-Germain en Joux, une petite commune située entre Bellegarde et Nantua, sous les contreforts sud du Jura, à une heure et demie de St Gervais en voiture.

Par un après-midi de janvier où le temps est de mauvaise humeur, Claude se rend chez Jean Luc. Son nouvel ami l’invite dans son bureau à l’étage qu’il faut gagner par un imposant escalier de pierre calcaire. Il grimpe sous le regard d’une madone accompagnée de ses trois enfants et en compagnie de jeunes kabyles qui figurent dans des cadres accrochés aux murs. Des souvenirs magnifiques traduisant la connivence et la proximité avec la population côtoyée autrefois.

À l’évidence, indépendamment du stéthoscope pour ausculter les malades, son nouvel ami médecin sait manipuler l’objectif. Il a su conserver l’essentiel d’un quotidien passé sous l’uniforme à panser les plaies de toute nature dans une région éprouvée par la guerre.

La grande taille de son interlocuteur cache une âme sensible et un grand coeur. Cet artiste humaniste a les talents des peintres flamands. Il « sait transformer en une scène poétique d’un effet saisissant un événement prosaïque en soi » : il possède l’art de conserver la beauté des moments fugaces avant leur évanouissement dans les flots du fleuve de l’oubli.

Le parcours de Jean Luc est atypique. De retour en France après son séjour en Grande Kabylie, il cherche à s’installer. Il prend contact avec différentes communes.

À la suite d’une erreur de destinataire, un courrier atterrit à la commune de St-Germain de Joux. Quiproquo qui tombe bien, car la Maire de cette commune rurale traversée par la Sémine, lui aussi recherche un médecin. « De plus, raconte Jean Luc, cette région aux pentes escarpées, me rappelle les falaises du Djurdjura. ». Il s’installe donc comme jeune médecin du village en 1964, et ne quitte plus cette région. Ce sage, fidèle en amitié, y prend sa retraite.

La nuit en hiver tombe vite. Claude doit prendre congé. Il regagne St-Gervais chargé du précieux trésor photographique. Il est pressé de le découvrir car c’est un peu la Kabylie que connaissait son frère.

En numérisant les diapos, Claude sent battre le cœur des Beni Yenni et des Akbils. Il est particulièrement touché par celles d’Aït El Azis : un rucher original incrusté dans les murs d’une maison ; trois enfants du village studieusement appliqués sur les bancs de l’école sous la lumière tamisée de la fenêtre ; des femmes affectées par le goitre comme rencontrées dans sa jeunesse dans les Alpes, à cause des carences en iode…

À n’en pas douter, en 1961 Jean Luc comme médecin a côtoyé et soigné la souffrance des corps, mais il a su également aller naturellement à la rencontre des coeurs. Des moments fugaces qu’il a su fixer avec talent. Cinquante-cinq ans plus tard, la mise en ligne de son reportage va contribuer à panser les plaies cachées des âmes.

Quant à Claude, pendant le montage du reportage, outre la chanson de Guy Beart, http://www.dailymotion.com/video/xn..., une musique intérieure décuple son ardeur : la publication du diaporama va faire le miel des villageois des Akbils et des Benni Yenni et même des militaires qui, sous l’uniforme, ont aimé cette région.

Commencée en chanson, l’évocation de cette magnifique région se poursuit dorénavant par une exposition de tableaux photographiques d’une belle poésie. De quoi réchauffer les cœurs.

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Avis aux internautes : certaines légendes de photos doivent comporter des erreurs (orthographes, ou parfois indications erronées ou absence de légende). En cause des difficultés de déchiffrage...

Merci de le signaler via le forum. Ce sera une occasion de rendre l’exposition vivante, de corriger ou de compléter.


Connaître Aït Saâda

Selon la Dépêche de Kabylie

Aït Saâda un village en plein essor

Aït Saâda, village de la commune de Yattafen dans la daïra de Béni Yenni, est peuplé d’environ 3 000 habitants, situé à environ 60 km au sud du chef-lieu de la wilaya Tizi Ouzou, c’est aussi un village qui niche sur une colline à 800 mètres d’attitude à quelques encablures du Djurdjura, Aït Saâda est un village composé de quatre quartiers : Aït Idder, Aït Zekri, Aït Hamou et Aït Imloul. Sa renommée dans la région des Igawawen est due à son organisation sociale qui diffère de la majorité des villages environnants. Sa population est très unie vivant dans la paix et la sérénité. Du temps de la guerre de Libération, deux camps avaient été installés par l’armée française au village à ses deux extrémités et les traces de ces deux camps existent toujours surtout celui connu sous le nom de SAS. La raison qui avait fait que l’armée française ait installé ses camps dans ce village est sa position stratégique, et sa situation en altitude....

Mhanna Boudinar http://www.depechedekabylie.com/kab...

Portfolio

D061. sept-61. Fileuse Aït Bethane D062. sept-61. Ait Erbah D063. sept-61. Travaux au bulldozer D064. sept-61. La nouvelle route Beni Mahmoud D065	sept-61	Concours de saut en hauteur. DZ Aït El Azis ? D066. sept-61. Un exemple de goitre D067. sept-61. Corvée d'eau Ait Seltane D068. sept-61. Tassaft vue d'hélicoptère D069. sept-61. Corvée d'eau Ait Seltane D070. sept-61. Séchage figues Ait Saada D071. sept-61. 3 enfants avec leur mère à la consultation médicale D072. sept-61. Corvée d'eau Aït Soltane D073. sept-61. Sur la balançoire D074. sept-61. Ait Saada D075. sept-61. Enfant kabyle de Aït Daoud D076. sept-61. Cuvette Aït Ouabane D077. sept-61. Yatlefen vue de l'épingle à cheveux D078. sept-61. Mosquée Aït Hamsi D079. sept-61. Mosquée Aït Hamsi D080. sept-61. Nourriture pour les chèvres D081. sept-61. Piton 1501 sur RN 30 D082. oct-61. Enfants Aït El Azis ? D083. oct-61. SAS Aït Saada D084	. oct-61. Enfants SAS Ait Saada D085. oct-61. Le poste de Machdé ? vu de Beni Mahmoud ? D086. nov-61. Moulin en ruine Aït Mimoun ? D087. nov-61. Aït Saada D088. nov-61. Les Ouacifs et le Djurdjura D089. nov-61. Oued Hammam D090. déc-61. SAS Aït Saada D091. déc-61. Chibani Aït Saada D092. janv-62. Aït Saada D093. janv-62. Berger D094	. janv-62. Bergers D095. janv-62. Tassaft D096. janv-62. Ouacifs D097. janv-62. Plâtre local D098. janv-62. Patrouille dans la neige D099. janv-62. Mer de nuages D100. janv-62. Djurdjura D101. janv-62. Deux enfants à la salle d'attente D102. janv-62. Aït Erbe sous la neige D103. févr-62. Aït Erbe D104	. févr-62. Djurdjura D105. févr-62. Barbelés depuis le poste D106. févr-62. Carrière" de ciment Ait Saada D107. févr-62. Neige Tassaft D108. févr-62. Aït Hansi D109. févr-62. Ait Daoud D110. févr-62. Enfant D111. févr-62. Ait Saada D112. févr-62. Djurdjura vue de la RN 30 Le territoire de la SAS de Tassaft

Notes

[1] le lien correspond au dernier blog qui a été agrémenté par les photos reçues par la suite

5 Messages de forum

  • Images poignantes d’une époque lointaine mais qui demeure présente dans les mémoires, témoignages émouvants, récits bouleversants, ce site évoque deux peuples unis par un même destin voulu par l’histoire.

    Merci à tous les auteurs qui ont contribué à la construction de cette passerelle d’amitié entre les deux rives de la méditerranée.

    Idir Ait Mohand du village Ait Saada.

  • Merci pour ces témoignages et toutes ces photos. Il y a aussi des algériens qui ont gardé de bons souvenirs des ces appelés français qui ont manifesté de la compassion et un dévouement sans limites pour les algériens de l’époque.

    Ma mère se souvenait et faisait l’éloge tout particulièrement de ce médecin militaire qui m’avait soigné au village de Tassaft pour une coqueluche qui devait m’emporter.

    Ali AIT-MOHAND http://tassaft.hautetfort.com

    • Bonjour Ali

      Je viens de faire un tour du côté de Tassaft en parcourant votre blog. J’y découvre votre article du 6 février « Tassaft, mon village », une monographie profonde et riche qui présente les lieux et les hommes, ceux qui ont contribué à façonner l’histoire depuis Icheriden jusqu’à nos jours. Une évocation parlante qui à travers le destin de ceux dont vous évoquez la mémoire, permet de mieux comprendre les drames vécus localement depuis près de deux siècles.

      Dans votre blog, vous faites également allusion à la SAS de Tassaft. Le destin m’a mis en relation épistolaire avec l’un des derniers responsables des lieux. Ce qu’il m’a écrit il y a bientôt dix ans, à propos de la SAS de Tassaft, était personnel et donc pas destiné à la population. Néanmoins comme sa plume traduit l’estime et le respect qu’il lui portait aux villageois locaux, je me permets de reproduire son récit après avoir ajouté au diaporama le croquis qui accompagnait son courrier (diapo53).

      « J’ai tracé en tirets (bleu) le territoire de la Section administrative de Tassaft, (voir diapo 53), approximativement à vol d’oiseau de 15 kms sur 3 kms en moyenne, cinq à six kilomètres sans doute dans la plus grande largeur. Au fond, simplement la crête d’une des « arrêtes » perpendiculaires au Djurdjura et ses deux versants, l’un très abrupt donnant sur le Douar des Beni Ouacifs, avec sa « capitale » Souk el Arba des Ouacifs, siège d’une autre SAS, l’autre plus complexe avec quelques crêtes d’arrêtes annexes dominant elles-mêmes de tout petits oueds. Un terrain très chahuté où l’on chercherait en vain le moindre plateau.

      J’ai passé onze mois seulement à la SAS de Tassaft, mais j’ai la vraie impression d’y avoir passé une longue partie de ma vie militaire, tant fut intense l’activité que j’ai eue à y déployer sept jours sur sept du matin au soir. Parcourir le territoire, faire étape à longueur de journée sur un chantier, sur une place de village, dans une mechta, rassembler les populations et puis aussi souvent, la nuit, établir des observations, monter des embuscades, protéger les populations qui m’étaient confiées, assurer leur vie quotidienne en permettant les déplacements, les échanges, ce fut mon lot de boulot et de formidables satisfactions : Tassaft fut un des grands moments de ma carrière professionnelle, un bonheur vraiment ».

      Avec toute mon amitié.

      Claude

  • Un grand merci à Mr Grand Jacques pour tout ce qu’il fait à travers ce blog qui a permis à tant de gens de renouer avec des souvenirs lointains. Il a démontré que quel que soit les douleurs partagées par nos deux peuples il y a toujours une Histoire limpide à raconter et à entretenir. Cette passerelle que nous souhaitons tous éternelle ne se romprera jamais mais sera régulièrement renforcée par ce genre de témoignages.


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