Des MIAGES aux DJEBELS
Notre guerre d’Algérie.
- 1956-1962.
Alain, André, Bernard et Claude.
Alain voulait être guide de haute montagne et instituteur en Algérie.
Depuis mon voyage récent en Kabylie, mon regard vers les Dômes de Miages a changé : les arêtes des Covagnets me rappellent en permanence celles des Beni Zikki. J’y devine parfois, émergeant des nuages, l’âme des soldats morts en Algérie.
Ils ne portent plus d’uniforme. Je ne distingue ni leur appartenance ni leur forme. Qu’importe leur camp ! C’étaient des hommes.
Ils avaient vingt ans.
Ils obéissaient à leur gouvernement établi l’un, permanent à Paris, l’autre, provisoire, en Tunisie. Leur combat était sans gloire, mais leur cause chargée d’espoir.
Les uns se battaient pour une Algérie qu’il fallait garder avec la France, les autres pour une vraie démocratie et l’indépendance.
Ils ont tous été trahis.
La France, s’abritant derrière des accords et la voix des urnes, abandonna une partie des siens : des milliers d’Européens et des dizaines de milliers de soldats-harkis seront massacrés. Le nouvel État, l’Algérie, aura pour longtemps le visage du totalitarisme sous la férule d’un parti hégémonique étouffant dans l’œuf la démocratie tant espérée.
Pour donner un visage aux âmes des nôtres tombés en Algérie, j’ai rédigé « Des Miages aux djebels ». En tournant les pages, non seulement vous vous familiariserez avec cette époque et les événements d’alors, mais vous découvrirez comment, à l’instar de centaines de milliers d’appelés, se sont comportés, pendant cette guerre fratricide, des jeunes ayant grandi à l’ombre des Dômes de Miage.
Après avoir rédigé « Des Miages aux djebels » s’est posée de façon concrète la question d’un mode de diffusion adapté à la cause de la mémoire que j’entends servir.
Pour rester fidèle à l’idéal humanitaire qui animait le corps des Affaires Algériennes auquel j’ai appartenu pendant deux ans et en pensant à Alain, j’ai créé avec Bernard et André une association à but non lucratif : « Miages-djebels ». Elle est chargée d’éditer et de vendre l’ouvrage et regroupera non seulement les personnes qui ont participé à l’aventure de sa rédaction, mais sera ouverte, à l’avenir, à celles qui s’engageront de façon active dans sa diffusion.
Conformément à l’objet de ses statuts, les bénéfices réalisés seront intégralement reversés essentiellement à des institutions ou des œuvres humanitaires ou prenant en charge les handicapés.
Pour engranger des bénéfices, il faut préalablement, bien entendu, vendre un nombre important d’exemplaires. Amis lecteurs, si l’ouvrage vous a conquis, nous comptons sur vous. Vous participerez avec notre association à un combat désintéressé, éternel et sans frontière : celui de la défense d’une certaine idée de l’homme.
In memoriam.
- Alain Mai 1960 à Tabarourt.
En mémoire d’Alain, mon frère,
Et de ses deux camarades de la S.E.M. du 7e B.C.A., morts pour la France en Grande Kabylie :
Louis, FERRIOL le 29 avril 1960, à Ait Hatta,
François CHAVOUTIER, le 26 mai 1960, à Ait Mislaine,
et en mémoire de mes trois camarades du 5e R.E.I.,
tombés pour la France et la Gloire de la Légion
au Djebel Bou Khaïl (Sud Algérois) le 27 juillet 1958 :
le lieutenant Bertand de LONGUEAU SAINT-MICHEL,
le sergent Willy KLOCKE,
le légionnaire de 1re Classe Wannen TIEMANN.
auxquels j’associe mon ami, Saïd HAMICHE,
exécuté par le F.L.N. le 14 juillet 1961 pour avoir cru pouvoir vivre libre sur sa terre.
Pour que l’oubli et l’opprobre ne les tuent une deuxième fois !.......
- Le Lt de Longueau, le Sgt Klocke, le leg Tiemann.
- Les chasseurs Ferriol et Chavoutier, Said Hamiche.
Sont-ils morts pour la France ? Laquelle ?
Celle du lieutenant de Longueau, descendant d’une famille héritière de mille ans d’histoire ?
La France des Royautés, de l’Empire, des Républiques, celle des campagnes coloniales, celle des batailles gagnées ou des combats perdus, celle de Saint Louis, de Napoléon ou de De Gaulle ?
Celle de tous les conflits, en particulier des deux guerres du siècle dernier (14-18 et 39-45) où versèrent indistinctement leur sang, les ouvriers, les prêtres, les ingénieurs, les avocats, les poètes ou les paysans venus de Beauce, de Savoie, de Paris, d’Algérie, de la lointaine Indochine, de Madagascar et de bien d’autres contrées ?
Celle d’un territoire s’étendant de Dunkerque à Tamanrasset, selon une formule célèbre autant que vaine ?...
La France d’une province qu’elle avait fini par croire sienne, terre lumineuse et séduisante de l’Algérie, si proche et cependant si distante, tellement méconnue malgré les présentations convaincantes du moment ?
Cette terre s’était embrasée.
Nos camarades ont alors été engagés dans un conflit pour lequel ils n’étaient pas préparés, dans un pays qu’ils découvraient avec appréhension et éblouissement.
La plupart l’ont aimé, très peu s’y sont sentis indifférents.
Ils ont apporté leur foi et leur jeunesse, donné leur coeur, parfois leur âme. Ils ont combattu avec détermination et courage et, trop nombreux, sacrifié leur vie en luttant contre un adversaire impitoyable et insaisissable.
Celui-ci, à défaut de conquérir les coeurs ou de gagner les combats par les armes, recourait sans le moindre humanisme, pour s’emparer des esprits et s’approprier la représentation exclusive du peuple, aux exactions, aux exécutions et à la terreur aveugle.
Sont-ils morts pour une juste cause ou ont-ils été sacrifiés pour rien ?
Le débat, ouvert, ne se refermera jamais, et tous les adversaires de notre pays, de notre civilisation, de l’oeuvre de nos pères, s’emploieront, n’en doutons pas, à entretenir le doute, semer l’opprobre, formuler des accusations du fond des confortables fauteuils de leurs convictions commodes et de leurs consciences irréprochables.
En souvenir de ceux qui restent nos exemples et qui sont bien morts pour que vive la France.
En leur mémoire et en mémoire de tous ceux qui sont morts en Algérie, les quatre petits-fils d’Émile et de Claire, engagés dans le conflit algérien, vous livrent leur quotidien.
Après avoir survolé la longue histoire des relations France-Algérie, fait connaissance d’Alain et de notre famille installée sous les Dômes de Miage, c’est près de six années que vous passerez, en leur compagnie, dans les djebels.