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Le colonel Paul Schoen du SLNA au comité Parodi

dimanche 27 juin 2010, par Maurice FAIVRE

Le colonel Paul Schoen fut avant 1954, et au début de la guerre d’Algérie, le spécialiste des Affaires musulmanes du gouverneur général.

Connu pour son libéralisme selon l’historien Ageron, il avait de nombreuses et confiantes relations dans les milieux arabes et kabyles et était soucieux de l’avenir de l’Algérie. Atteint par la limite d’âge de son grade en 1957, il poursuivit son action en faveur des musulmans, d’abord en Algérie puis en métropole.


Cet article se propose de retracer ce que fut sa carrière militaire, avant d’analyser son estimation de la situation algérienne dans les années troublées de 1954 à 1957 et d’évoquer son action au profit des musulmans rapatriés après 1962.

Des opérations aux études musulmanes, une brillante carrière.

Après avoir donné trois bourgmestres à Mulhouse, la famille Schoen refusa de rester en Alsace sous l’occupation allemande et s’expatria dans la région lyonnaise en 1871. Paul Schoen est ainsi né à Calluire en avril 1900.

Il s’engage en 1920 au 34e Régiment d’aviation, suit le cours des EOR à Versailles et le stage d’observateur en avion. C’est dans cette fonction qu’il se distingue au cours de la guerre du Rif en 1925, obtenant deux citations à l’ordre de l’armée. Le 20 janvier 1926, son avion est « descendu par le tir violent de terre d’une arme automatique ennemie. Quoique blessé et pris à partie par des adversaires nombreux, a pu rejoindre nos partisans, avait perdu connaissance ». Le 19 mai, « il se distingue à nouveau en alertant par TSF et en faisant intervenir à propos des avions de combat sur bab Khemis, point où les partisans étaient arrêtés par le feu de l’ennemi ».

En 1928, il demande son affectation aux Affaires indigènes du Maroc, et rejoint dans la région de Marrakech l’annexe des AI d’Amizmiz. Il prend en 1934 le commandement d’un goum de deux harkas, à la tête duquel il participe aux opérations de l’anti-Atlas. Il est alors cité pour « ses qualités d’autorité, de calme, d’inlassable et intelligente activité, et d’expérience des indigènes. Par son action personnelle hardie et rapide, il obtient le 19 mars la soumission des fractions dissidentes Aït Oughane et Aït-ba-Ahmane ».

Muté en 1938 aux Affaires indigènes d’Algérie, il est affecté au Service d’information et d’études du gouvernement général et détaché à la préfecture d’Alger, jusqu’en 1944 où il participe aux opérations de Corse, au débarquement en Provence et aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne à la tête d’un bataillon du 9e Zouave. Il est alors blessé en « menant brillamment l’attaque de son bataillon sur Schollbronn », ce qui lui vaut une quatrième citation.

Rapatrié sur l’Algérie en décembre 1945, il reprend ses travaux au Service d’information et d’études, et crée en mai 1947 le Service des liaisons nord-africaines (SLNA) qui est rattaché au cabinet civil du Gouverneur. Il en conserve la direction jusqu’en avril 1957. Il continue à y servir en qualité de contractuel, en liaison avec le colonel Ruyssen, chef du Centre de renseignement opérationnel du gouvernement général (CROGG), qui absorbe peu à peu le SLNA.

Les réformes de 1947-1948 ...

Le service des liaisons nord-africaines

Organisme d’information et d’action politique du Gouverneur (puis du ministre résidant), le SLNA tient une place éminente au sein du cabinet civil. Centralisant les informations de politique musulmane, il rédige des bulletins mensuels et un rapport annuel, organise des réunions trimestrielles d’échanges, et recherche les causes des crises et des malaises observés dans la population. Il suit l’évolution des mouvements, partis, religions et syndicats, mais aussi celle des pays arabes.

Sa documentation s’appuie sur un fichier des hommes politiques, sur la carte des élections, sur des monographies, des études juridiques, et sur des documents secrets concernant l’organisation des partis et des organisations religieuses.

Le SLNA étudie les réformes envisagées dans les domaines de l’enseignement, du recrutement des fonctionnaires, de l’emploi, de l’organisation militaire et des statuts des personnels. S’agissant de la politique musulmane, il prépare les directives du gouverneur, telles que celles concernant l’interdiction des sévices par la police. Il suit l’opinion des médias et propose des thèmes de propagande.

Il joue enfin un rôle social par l’attribution de subventions et de subsides. C’est dire que le sens de l’humain inspire son action. Arabisant de haut niveau, le colonel Schoen a de nombreuses relations dans la communauté musulmane, parmi lesquelles il faut citer le cheikh Saïd Zahiri, diplômé des Universités Zitouna et El Azhar, journaliste de talent, non engagé dans le mouvement nationaliste.

Le SLNA n’a que des moyens limités (13 personnes à Alger, 1 à 2 dans les départements4). Il est informé en particulier par le Service des Affaires militaires musulmanes, créé en 1939 par le général Noguès. Par souci de protection de ses sources, le SLNA ne partage pas toutes les informations qu’il détient. Il diffuse un Bulletin politique mensuel (BPM) de 6 à 20 pages, et des bulletins particuliers de renseignement à l’occasion d’événements marquants....

Pour lire la suite de ce document passionnant extrait de Guerres mondiales et conflits contemporains ( ISSN 0984-2292 | ISBN 9782130534143 | pages 69 à 89) auteur Maurice Faivre, publié par cairn.info, voir http://www.cairn.info/article.php?I...


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