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Hommage au monde enseignant

lundi 15 août 2011, par Claude GRANDJACQUES

Le témoignage de Jean Louis Sahut a déclenché sur le site de Miages-djebels des réactions qui donnent la mesure du potentiel humain que représentait une population à laquelle la France ne s’était pas beaucoup intéressée du temps où elle prétendait que l’Algérie c’était la France !.


Dans une région comme Bouzeguène, il n’y avait qu’une école à Aït Ikhlef pour un territoire comportant une vingtaine de villages. Ce n’est qu’à partir de 1956, c’est-à-dire 100 ans après la conquête de la Kabylie par les armes, que, sous l’impulsion de l’armée, sont ouvertes de nombreuses écoles dans les villages contrôlés par les militaires.

A l’époque, tous les enseignants qu’ils soient civils ou militaires, ont été étonnés par les ressources de certains de leurs jeunes élèves et surtout par la soif d’apprendre de ceux qui jusque-là étaient privés de l’accès au savoir.

Que dire actuellement en voyant le parcours brillant d’un certain nombre d’entre eux ?

Emettre des regrets face au gâchis dû à une politique frileuse et discriminante. Dommage que la France n’ait pas su ou pas voulu développer un potentiel humain d’une richesse qui étonnera les lecteurs.

Le témoignage de Jean Louis et les réactions de ses anciens élèves dévorés par la soif d’apprendre à une époque où les moyens matériels manquaient, devraient devenir source de réflexion pour ceux qui ont en charge la formation et le devenir de la jeunesse d’aujourd’hui.

La formation des jeunes de nos jours répond en effet à un véritable défi.

Puissent les témoignages et les réflexions sur le système éducatif du passé, alimenter un courant de réflexions pour faire germer ce que le Dr Cherifi Nouara de Lorraine , femme algérienne, kabyle, soufie et prédicatrice, dénomme poétiquement « l’académie de grain de blé magique ».

Pour entrer en relation avec le nouveau site créé par les anciens du CEG d’Azazga http://ceg_d_azazga.eklablog.com

Pour lire l’ensemble des témoignages et les réactions de la presse après la réunion des anciens du CEG du 18 juillet 2011, ouvrir le dossier ci dessous au format pdf en cliquant sur la vignette.

PDF - 405.9 ko
hommage au monde enseignant
L’école a été pour nous un véritable ascenseur de promotion sociale. Grâce d’une part à l’indépendance de l’Algérie qui nous a donné la chance d’aller à l’école et d’autre part, disons-le sans ambages, aux coopérants francophones qui nous ont prodigué avec dévouement un savoir dont nos parents, nous-mêmes et toute la société algérienne avions soif. Nous avons eu la chance de fréquenter cette école-là des enseignants motivés et compétents, qui faisaient leur travail avec amour et dévouement, cette école qui nous a donné beaucoup d’espoir et une formation de base solide pour poursuivre, pour la plupart d’entre nous, des études universitaires.

Mohand-Amokrane Handala, directeur de l’école privé Assalas, situé au chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, enseignant à l’université de la même ville et l’un des initiateurs de ces grandes retrouvailles a tenu à prononcer une allocution afin de rendre hommage à l’équipe pédagogique et administrative du CEM d’Azazga. En voici le texte.

Chers camarades, anciens élèves du CEG d’Azazga, nous voilà revenus au CEG après l’avoir quitté il y a plus de trente années, pour nous ressourcer, pour nous remémorer nos années de collège, une étape de notre vie qui nous a marqués à plus d’un titre.

Pour l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la première fois que nous quittons notre petit village et que nous nous rencontrons et tissons nos premiers liens d’amitié et partageons nos peines et nos joies avec des élèves venus d’autres villages, d’Azeffoun, de Bouzeguène, de Beni-Douala, d’Yakouren, de Mekla, d’Illoula, des Ouadhias et de toute la Kabylie.

Nous avons été particulièrement marqués par la qualité de l’enseignement et de l’éducation que nous avons reçus de la part de nos professeurs au CEG. La plupart d’entre nous vivions dans la pauvreté pour ne pas dire la misère : nous n’avions pas d’électricité et pas d’eau courante chez nous, nous ne connaissions pas la brosse à dents, le pyjama, nous ne savions pas qu’un repas est composé d’un hors-d’œuvre, un plat de résistance et un dessert, nous ne connaissions pas le riz, ni le flan… C’est au CEG que nous avons découvert tout ça.

L’école a été pour nous un véritable ascenseur de promotion sociale. Grâce d’une part à l’indépendance de l’Algérie qui nous a donné la chance d’aller à l’école et d’autre part, disons-le sans ambages, aux coopérants francophones qui nous ont prodigué avec dévouement un savoir dont nos parents, nous-mêmes et toute la société algérienne avions soif. Nous avons eu la chance de fréquenter cette école-là des enseignants motivés et compétents, qui faisaient leur travail avec amour et dévouement, cette école qui nous a donné beaucoup d’espoir et une formation de base solide pour poursuivre, pour la plupart d’entre nous, des études universitaires.

Chers camarades, anciens élèves du CEG, chers amis, permettez-moi, à l’occasion de nos retrouvailles, de rendre hommage en votre nom à nos anciens professeurs : M. Sahut, M. Coz, M. Bernardin, M. et Mme Joseph, M. et Mme Maréchal, M. et Mme Berger, Mme Hermozella, Mme Jaunet, Mme Bodin, M. Amara, la liste est évidemment longue, je ne pourrai les citer tous, en votre nom, j’exprime notre reconnaissance à ces professeurs qui nous ont marqués par leurs compétences et leur humanisme, pour les valeurs qu’ils nous ont transmises, ces valeurs rares de nos jours : la rigueur, le sens de l’effort, l’amour du travail bien fait. En votre nom à tous, je leur dirai : « Merci ».

Je n’oublierai pas de rendre hommage aux surveillants, au personnel administratif et de service, certains ont marqué ces années par leur rigueur et leur abnégation.

Un autre homme nous a particulièrement marqué, un homme qui fut le chef d’orchestre de toute l’équipe pédagogique et d’administration du CEG, permettez-moi chers amis, de rendre, en votre nom à tous, un vibrant hommage à notre ancien directeur, feu Monsieur Rabia Mohand. En votre nom à tous, j’exprime notre reconnaissance à cet homme qui symbolisait le sérieux et la rigueur et dont le nom est intimement lié aux glorieuses années du CEG.

Je vois encore son image en cette fin du mois de juin 1972, de retour de l’académie d’où il a ramené les résultats du brevet, il monte l’escalier d’entrée, nous étions nombreux les élèves de 3e à l’attendre, il arrive dans le hall devant nous, il lève les bras en souriant et nous annonce : « Nous avons crevé le plafond ! » Le CEG d’Azazga venait d’avoir 100 % de réussite au brevet. Quand, j’ai rappelé cet événement à M. Sahut, il n y a pas longtemps, celui-ci m’apprit qu’il l’avait accompagné à l’académie et il m’a dit que ce jour là M. Rabia était heureux comme un roi.

Je ne terminerai pas cet hommage à Monsieur Rabia sans parler de son caractère grave et sérieux en toutes circonstances. Il était sévère avec les élèves et même avec les professeurs. Mais quel sens et quel but donnait-t-il lui-même à cette sévérité ? Ecoutons ce qu’il a dit à l’occasion de la cérémonie de remise des prix en juin 1972. Dans l’allocution qu’il avait prononcée, il avait dit : « J’ai souvent été sévère avec vous, mais quand je ne serai plus de ce monde, vous vous rappellerez que je l’ai été dans votre intérêt. »

Chers amis, toutes ces femmes et tous ces hommes nous ont marqués non seulement par la qualité de leur travail, mais aussi et surtout par leur comportement exemplaire, leur niveau de conscience professionnelle et d’éthique très élevé, leur honnêteté intellectuelle, ils ne trichaient jamais, ils étaient justes, ils aimaient leur travail, ils étaient compétents et humbles. Nous devons nous en inspirer pour que le CEG qui porte aujourd’hui le nom d’un valeureux chahid, Zaïdat Ahmed, retrouve son rayonnement d’antan, nous devons nous en inspirer pour sauver l’école algérienne et en faire une école moderne et performante.

Le 18 juillet 2011

Mohand Amokrane HANDALA

Un ancien élève du CEG d’Azazga

(1968-1972) Pour entrer en relation avec le nouveau site créé par les anciens du CEG d’Azazgahttp://ceg_d_azazga.eklablog.com

8 Messages de forum

  • Hommage au monde enseignant 19 août 2011 16:54

    Merci cher ami Mohand Amokrane,

    Votre écrit est à la hauteur de votre personnalité et de ce qu’était l’ambiance du CEG d’Azazga des années 60/70, ambiance pleine de sérieux,de discipline et de persévérance chez tous,élèves,enseignants et personnel d’encadrement,tels " Mme et Mr Maréchal,Mme et Mr Joseph Mme Cavite ;Mme Bodin,Mme Hermozila, Mrs Sahut, Coz, Bernardin,Fortin, Amara,Feu Mohand Arezki Rabia,Haddar ;et d’autres que je ne saurais citer par oubli.

    Il y régnait une concurrence saine et loyale entre les élèves où la triche n’avait guère sa place, à qui de décrocher les félicitations, les premiers prix,surtout celui "des mathématiques". Adultes, ces concurrences ont plutôt noué des amitiés entre nous.

    Hélas ce rejet de la triche,qui jadis était une culture est vite interrompu par la politique d’importation d’enseignants venus du moyen orient dont la mission était justement de casser cette culture, sinon comment expliquer leur laisser tricher délibéré ,si ce n’est de répondre favorablement aux objectifs surnois qui leur ont été ordonnés,y assurer des formations en constantes régressions. Ces objectifs inavoués sont ainsi atteints, les résultats,nous les subissons au jour d’aujourd’hui. "Une école algérienne sinistrée".

    Merci à toute l’équipe qui a organisé ces retrouvailles," Mme Chérifi,Ahcène Meftah,Amokrane Sadoudi,Djaffar Bakouche,Ferhat Amara,Si Mhand Haouili" vous tous qui nous avez permis de se retrouver quarante ans plutard .

    Boudjema Younès Chaouche, Ancien élève CEG d’Azazga 1967/1971

    • Hommage au monde enseignant 17 novembre 2011 09:44, par Nusa Svarovski

      Bonjour Amokrane ,le site est devenu silencieux peut être que tous ces anciens qui ont organisé cette rencontre ont peur de se faire voir vu le climat d’insécurité qui règne sournoisement ?Toutefois je trouve dommage que cette rencontre n’aie pas eu d’autre fruit que de réveiller les nostalgies et les souvenirs d’enfance ou d’adolescence révolus .De mon petit monde je suivais les commentaires de ce site en espérant qu’il donne naissance au moins à une association à défaut de structure académique apparemment impossible .Cette dame qui s’est acharnée à souffler cette idée de grain de blé magique sans doute fort éprouvée et mue par la magie du terroir du "grain magique "doit être désespérée de voir une fois de plus apparemment son rêve se geler.Soit mon conseil de femme inconnue étrangère est de ne pas abandonner ce rêve de femme musulmane avant tout ,femme qui se bat contre l’obscurantisme pour la promotion des valeurs humaines les plus élémentaires et aussi pour l’ascension ,le progrès et la connaissance .Je vous souhaite une bonne continuation.

      • Hommage au monde enseignant 18 novembre 2011 11:44, par Mohand Amokrane HANDALA

        Bonjour Nusa, c’est vrai que nous aurions aimé que les choses aillent plus vite pour la concrétisation des idées émises – elles sont nombreuses - par les anciens élèves du CEG d’Azazga pour la promotion du savoir, des valeurs humaines,…Mais que d’obstacles à vaincre et ceux immatériels ne sont pas des moindres. Que n’a-t-il pas fallu faire, par exemple, pour obtenir l’autorisation de se réunir dans une salle à Azazga pour tenir l’assemblée élective de l’association des anciens élèves du CEG d’Azazga. C’est maintenant chose faite, l’association est née le 8 octobre 2011, cela a été annoncé sur le Blog du CEG (http://ceg_d_azazga.eklablog.com/a-g-constitutive-de-l-association-des-anciens-eleves-du-ceg-d-azazga-a6359561). Nous nous attelons actuellement à accomplir les formalités administratives pour l’obtention de l’agrément. Nous avons aussi réalisé un film sur DVD qui retrace le déroulement de la rencontre du 18 juillet 2011. Je tiens à dire que nous n’avons nullement peur de dire ce que nous pensons, donc ce n’est sûrement pas là la raison du silence sur le site.

        • Hommage au monde enseignant 21 novembre 2011 21:06, par Nusa

          C’est une bonne nouvelle qu’enfin vous puissiez concrétiser un projet d’intérêt public sérieux !Persévérez et ne vous laissez pas abattre devant les découragements et les détracteurs ...Il n’y a que cela vous me direz !Soit ,il faut aller de l’avant pour faire honneur à la mémoire de ces anciens qui se sont démenés pour l’enseignement ,l’éducation dans ce CEG d’Azazga .Il faudrait peut être inviter vos anciens camarades du lycée chihani à rejoindre votre association puisque la plupart d’entre eux ont fait le CEG ...Bonne continuation .Personnellement je reste à votre écoute car ce site Miages Djebels m’intéresse énormément au nom de la francophonie .Dommage pour l’Académie du grain de blé magique une fois de plus !!!!Il ne faut jamais désespérer ,un miracle est toujours possible .

          • Hommage au monde enseignant 29 novembre 2011 09:33, par hirondelle kabyle

            Pour votre association ne restez pas isolés !Faites appel à des parrains parmi les anciens enseignants francophones qui sont passés au CEG,dont Mr Sahut qui sera enchanté de vous seconder ...Il y a aussi des groupes d’associations maghrébines en Europe qui peuvent vous aider ...Pensez aux institutions déjà existences et efficaces à l’échelle internationale:Croix rouge ,secours populaire ,secours catholique ...N’hésitez pas ,il y a un grand esprit de partage encore et des personnes pacifiques en France ,en Belgique ,en Allemagne ...Apparemment en Algérie il n’y a plus de "Rahma rabi !"puisqu’ils ne veulent pas d’académies avec un esprit de partage et une aspiration au savoir vaille que vaille !N’oubliez pas de faire une banque alimentaire dans votre association car avec la crise économique qui s’aggrave à l’échelle internationale il faut craindre la faim !!!

    • Hommage au monde enseignant 10 juillet 2012 20:59, par oussar

      Merci à toi B. Younes Chouch d’avoir remercié tout le monde à notre place. Tu me reconnaitras en te disant j’étais le seul élève qui s’exprimait en français. Oussar mostepha beau gosse comme disaient Amara ferhat et Meftah.Je suis de Béjaia.

      • Hommage au monde enseignant 31 juillet 2012 10:18, par Boudjema Younès Chaouche

        Cher Ami Hamid Oussa,

        Merci l’Ami,comment ne pas vous reconnaitre cher Hamid, vous qui aimez parler constamment en français,sauf erreur,vous êtes de souk-El-Tnine Bédjaia, beau garçon,chevelure noir corbeau, n’est ce pas !

        ces années là,où l’innocence se mélait à l’espoir.

        Bonne Santé à toutes et à tous " Anciens du CEG d’Azazga"

      • Hommage au monde enseignant 31 juillet 2012 10:34, par Boudjema Younès Chaouche

        Cher Hamid Oussar ;

        Merci l’ami,comment ne pas vous reconnaitre,vous qui aimez parler constamment en français,beau garçon ;cheveux noirs ;sauf erreur vous êtes de Souk-El-Tnine.

        Bonne Santé et jours heureux à toutes et à tous "Anciens du Mythique CEG d’Azaga"


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