Dans une région comme Bouzeguène, il n’y avait qu’une école à Aït Ikhlef pour un territoire comportant une vingtaine de villages. Ce n’est qu’à partir de 1956, c’est-à-dire 100 ans après la conquête de la Kabylie par les armes, que, sous l’impulsion de l’armée, sont ouvertes de nombreuses écoles dans les villages contrôlés par les militaires.
A l’époque, tous les enseignants qu’ils soient civils ou militaires, ont été étonnés par les ressources de certains de leurs jeunes élèves et surtout par la soif d’apprendre de ceux qui jusque-là étaient privés de l’accès au savoir.
Que dire actuellement en voyant le parcours brillant d’un certain nombre d’entre eux ?
Emettre des regrets face au gâchis dû à une politique frileuse et discriminante. Dommage que la France n’ait pas su ou pas voulu développer un potentiel humain d’une richesse qui étonnera les lecteurs.
Le témoignage de Jean Louis et les réactions de ses anciens élèves dévorés par la soif d’apprendre à une époque où les moyens matériels manquaient, devraient devenir source de réflexion pour ceux qui ont en charge la formation et le devenir de la jeunesse d’aujourd’hui.
La formation des jeunes de nos jours répond en effet à un véritable défi.
Puissent les témoignages et les réflexions sur le système éducatif du passé, alimenter un courant de réflexions pour faire germer ce que le Dr Cherifi Nouara de Lorraine , femme algérienne, kabyle, soufie et prédicatrice, dénomme poétiquement « l’académie de grain de blé magique ».
Pour entrer en relation avec le nouveau site créé par les anciens du CEG d’Azazga http://ceg_d_azazga.eklablog.com
Pour lire l’ensemble des témoignages et les réactions de la presse après la réunion des anciens du CEG du 18 juillet 2011, ouvrir le dossier ci dessous au format pdf en cliquant sur la vignette.
- hommage au monde enseignant
- L’école a été pour nous un véritable ascenseur de promotion sociale. Grâce d’une part à l’indépendance de l’Algérie qui nous a donné la chance d’aller à l’école et d’autre part, disons-le sans ambages, aux coopérants francophones qui nous ont prodigué avec dévouement un savoir dont nos parents, nous-mêmes et toute la société algérienne avions soif. Nous avons eu la chance de fréquenter cette école-là des enseignants motivés et compétents, qui faisaient leur travail avec amour et dévouement, cette école qui nous a donné beaucoup d’espoir et une formation de base solide pour poursuivre, pour la plupart d’entre nous, des études universitaires.
Mohand-Amokrane Handala, directeur de l’école privé Assalas, situé au chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, enseignant à l’université de la même ville et l’un des initiateurs de ces grandes retrouvailles a tenu à prononcer une allocution afin de rendre hommage à l’équipe pédagogique et administrative du CEM d’Azazga. En voici le texte.
Chers camarades, anciens élèves du CEG d’Azazga, nous voilà revenus au CEG après l’avoir quitté il y a plus de trente années, pour nous ressourcer, pour nous remémorer nos années de collège, une étape de notre vie qui nous a marqués à plus d’un titre.
Pour l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la première fois que nous quittons notre petit village et que nous nous rencontrons et tissons nos premiers liens d’amitié et partageons nos peines et nos joies avec des élèves venus d’autres villages, d’Azeffoun, de Bouzeguène, de Beni-Douala, d’Yakouren, de Mekla, d’Illoula, des Ouadhias et de toute la Kabylie.
Nous avons été particulièrement marqués par la qualité de l’enseignement et de l’éducation que nous avons reçus de la part de nos professeurs au CEG. La plupart d’entre nous vivions dans la pauvreté pour ne pas dire la misère : nous n’avions pas d’électricité et pas d’eau courante chez nous, nous ne connaissions pas la brosse à dents, le pyjama, nous ne savions pas qu’un repas est composé d’un hors-d’œuvre, un plat de résistance et un dessert, nous ne connaissions pas le riz, ni le flan… C’est au CEG que nous avons découvert tout ça.
L’école a été pour nous un véritable ascenseur de promotion sociale. Grâce d’une part à l’indépendance de l’Algérie qui nous a donné la chance d’aller à l’école et d’autre part, disons-le sans ambages, aux coopérants francophones qui nous ont prodigué avec dévouement un savoir dont nos parents, nous-mêmes et toute la société algérienne avions soif. Nous avons eu la chance de fréquenter cette école-là des enseignants motivés et compétents, qui faisaient leur travail avec amour et dévouement, cette école qui nous a donné beaucoup d’espoir et une formation de base solide pour poursuivre, pour la plupart d’entre nous, des études universitaires.
Chers camarades, anciens élèves du CEG, chers amis, permettez-moi, à l’occasion de nos retrouvailles, de rendre hommage en votre nom à nos anciens professeurs : M. Sahut, M. Coz, M. Bernardin, M. et Mme Joseph, M. et Mme Maréchal, M. et Mme Berger, Mme Hermozella, Mme Jaunet, Mme Bodin, M. Amara, la liste est évidemment longue, je ne pourrai les citer tous, en votre nom, j’exprime notre reconnaissance à ces professeurs qui nous ont marqués par leurs compétences et leur humanisme, pour les valeurs qu’ils nous ont transmises, ces valeurs rares de nos jours : la rigueur, le sens de l’effort, l’amour du travail bien fait. En votre nom à tous, je leur dirai : « Merci ».
Je n’oublierai pas de rendre hommage aux surveillants, au personnel administratif et de service, certains ont marqué ces années par leur rigueur et leur abnégation.
Un autre homme nous a particulièrement marqué, un homme qui fut le chef d’orchestre de toute l’équipe pédagogique et d’administration du CEG, permettez-moi chers amis, de rendre, en votre nom à tous, un vibrant hommage à notre ancien directeur, feu Monsieur Rabia Mohand. En votre nom à tous, j’exprime notre reconnaissance à cet homme qui symbolisait le sérieux et la rigueur et dont le nom est intimement lié aux glorieuses années du CEG.
Je vois encore son image en cette fin du mois de juin 1972, de retour de l’académie d’où il a ramené les résultats du brevet, il monte l’escalier d’entrée, nous étions nombreux les élèves de 3e à l’attendre, il arrive dans le hall devant nous, il lève les bras en souriant et nous annonce : « Nous avons crevé le plafond ! » Le CEG d’Azazga venait d’avoir 100 % de réussite au brevet. Quand, j’ai rappelé cet événement à M. Sahut, il n y a pas longtemps, celui-ci m’apprit qu’il l’avait accompagné à l’académie et il m’a dit que ce jour là M. Rabia était heureux comme un roi.
Je ne terminerai pas cet hommage à Monsieur Rabia sans parler de son caractère grave et sérieux en toutes circonstances. Il était sévère avec les élèves et même avec les professeurs. Mais quel sens et quel but donnait-t-il lui-même à cette sévérité ? Ecoutons ce qu’il a dit à l’occasion de la cérémonie de remise des prix en juin 1972. Dans l’allocution qu’il avait prononcée, il avait dit : « J’ai souvent été sévère avec vous, mais quand je ne serai plus de ce monde, vous vous rappellerez que je l’ai été dans votre intérêt. »
Chers amis, toutes ces femmes et tous ces hommes nous ont marqués non seulement par la qualité de leur travail, mais aussi et surtout par leur comportement exemplaire, leur niveau de conscience professionnelle et d’éthique très élevé, leur honnêteté intellectuelle, ils ne trichaient jamais, ils étaient justes, ils aimaient leur travail, ils étaient compétents et humbles. Nous devons nous en inspirer pour que le CEG qui porte aujourd’hui le nom d’un valeureux chahid, Zaïdat Ahmed, retrouve son rayonnement d’antan, nous devons nous en inspirer pour sauver l’école algérienne et en faire une école moderne et performante.
Le 18 juillet 2011
Mohand Amokrane HANDALA
Un ancien élève du CEG d’Azazga
(1968-1972) Pour entrer en relation avec le nouveau site créé par les anciens du CEG d’Azazgahttp://ceg_d_azazga.eklablog.com