Azazga est situé en amont du fleuve Sébaou. De par sa position centrale, elle est devenue au fil année années un axe de transit important et très fréquenté des usagers et routiers.
Azazga fut bâti sur un terrain marécageux nommé « ilmathen » (Ilmaten, les marécages), asséché pour les besoins ; jusqu’en 1962 il y avait des dizaines de fontaines dans toute la ville.
- Azazga : Vue générale
D’une superficie de 77,05 km2, la commune se trouve à 550 mètres d’altitude, entourée de montagnes, de forêts, de terres agricoles, de rivières et du fleuve Sébaou. Le point culminant d’Azazga est à 1000 mètres d’altitude.
Le territoire de la commune est constitué principalement de sous-bois et forêts ( 4387 ha), de terres improductives et incultes-maquis- (1267 ha), de pacage et parcours (340 ha). Surfaces agricoles utiles : 1711 ha.
En kabyle, Azazga signifie « les sourds », nom qui aurait été donné aux habitants du village par les Français. On dit qu’en effet, un jour, les habitants ont refusé d’ entendre des troupes françaises passant à proximité et qui leur demandaient de localiser des rebelles des alentours ; de là serait issu le nom de la commune.
Azazga est une localité riche par sa culture et son histoire.
- Azazga : L’église
Azazga, village du chef-lieu de canton de la commune mixte du Haut-Sébaou est créé en 1882 ; il est situé à 140 km Alger et distant de 100 km de Bougie et de Bouïra. Azazga bénéficie d’un plan d’aménagement génial, tracé ingénieusement sur un terrain plat par les Français après la bataille avec le Maréchal Randon.
Les allées bordées d’arbres, de larges rues aux différentes formes géométriques, des placettes bien conçues, des jardins publics et le square avec ses plaqueminiers et ses palmiers sont un véritable chef-d’œuvre. L’infrastructure administrative a été judicieusement distribuée à travers les quartiers pour mieux répartir la population et permettre l’occupation rationnelle de la ville.
La charmante ville d’Azazga est implantée à la lisière d’une vaste forêt dense adjacente du massif montagneux fortement boisé de l’Akfadou. Son emplacement panoptique et belvédère sur le contre fort du Mont Aït-Bouhouni (Yakouren) lui permet de dominer l’immense vallée du Sebaou et la chaîne de montagnes qui l’encercle.
- Azazga : Le Monument aux morts
L’épopée ardéchoise
Qui a aimé, connu Azazga pour y être passé, y avoir vécu, rêvé peut être à l’o
mbre d’un chêne séculaire sera sans doute surpris voire étonné de la part que les paysans ardéchois ont pris à la création de ce village situé en Grande Kabylie, dans la partie orientale du département d’Alger, soit l’arrondissement de Tizi Ouzou...
Lorsqu’un arrêté du 25 septembre 1880 substitue définitivement l’autorité civile à l’autorité militaire, le projet du futur centre est déjà bien avancé. II doit être établi sur le territoire de la commune mixte de Haut Sebaou, elle-même constituée par un décret du 25 août 1880.
- Azazga : Le groupe scolaire
Le centre d’Azazga qui intéresse tout particulièrement la colonisation ardéchoise, est créé le 1er octobre 1881, sur le petit plateau d’Il Matten, siège de la toute nouvelle commune mixte du Haut Sébaou. Il est traversé par la route de Bougie et sa situation est jugée parfaite. En 1902, un administrateur adjoint de la commune mixte s’exprime ainsi dans un rapport : " Nul point, en effet, ne présentait de conditions plus favorables, tant du point de vue de l’avenir des colons qui y était assuré par l’excellence des terres, qu’à celui de l’occupation politique du pays. " Situé au débouché de la vallée du Sébaou et sur le passage le plus fréquenté des tribus maritimes de Kabylie, ce village qui a conservé le nom d’Azazga est appelé à devenir très important. " Sans doute l’espoir formulé s’est-il révélé trop optimiste, il n’empêche que la création du village semblait annoncer des débuts prometteurs. D’emblée le principe d’un peuplement ardéchois fut admis. L’idée originelle revient à Joseph Firbach, préfet d’Alger de mars 1881 à 1888, et qui avait exercé les mêmes fonctions à Privas, du 24 mai 1870 au 19 mai 1877.
- Azazga : La Mairie
Firbach songe donc à faire appel à des paysans du Vivarais au moment où le pays est durement frappé par le phylloxéra et commence à se dépeupler. Le préfet s’attache surtout à fixer en Algérie des cultivateurs du Bas Vivarais, aussi verrons-nous les colons du début des années 1880, issus des cantons de Vallon, les Vans, Joyeuse, et, dans une moindre mesure Largentière et Aubenas. Les autres provenances ne se rapportent qu’à des cas exceptionnels.
Mais comment pouvait-on devenir concessionnaire ? Un décret du 30 septembre 1878 avait totalement modifié les conditions d’attribution de concessions.
- Azazga : La nouvelle poste
Les terres domaniales comprises dans le périmètre d’un centre de population et affectées au service de la colonisation étaient divisées en lots urbains et ruraux. Le Gouvernement général était autorisé à concéder les terres alloties aux personnes qui justifiaient de ressources suffisantes. Pour les lots ruraux, le capital disponible représentait 150 francs par hectare. L’article 2 du décret attribuait au concessionnaire la propriété de l’immeuble sous la condition suspensive de diverses clauses. Le demandeur qui obtenait satisfaction devait résider sur la terre concédée avec sa famille, d’une manière effective et permanente, pendant les cinq années qui suivaient la concession. Cette dernière était provisoire pendant une durée de cinq ans. Ensuite, un titre définitif de propriété était délivré. Pendant cette période quinquennale, les concessionnaires pouvaient céder leurs droits, à condition d’avoir résidé pendant un an au moins.
- Azazga : La gendarmerie
Pour les villages qui concernent notre étude, les concessions rurales comprennent 28 à 30 hectares ; les lots urbains où les maisons d’habitation doivent être bâties, sont généralement inférieurs à un hectare. Plusieurs familles ardéchoises s’étaient déjà établies dans un village voisin, Mékla, hors de la commune mixte du Haut-Sébaou et bientôt érigé en commune de plein exercice.
À la fin de 1880 et au début de 1881, nous relevons parmi les concessionnaires mis en possession de leurs lots, les noms de cinq habitants de Saint-Remése Antoine Delympe, Henri-Adrien Dubois, Jean-François Soubeyrand, Jean-Auguste Maucuer et Auguste Vaisseaux. Un sixième Ardéchois, Jean-Martin Auriol, demeure à Montréal.
- Azazga : L’hôpital
Ces six colons arrivent à Mékla au moment où Firbach prend ses fonctions à Alger. Nous ignorons si le nouveau préfet du département est intervenu en leur faveur, comme il fera pour les aspirants-colons d’Azazga, mais le supposer n’est pas invraisemblable, justement lorsque nous voyons cinq noms de Saint-Remèze. La proportion majoritaire des colons issus de ce village se reproduira pour Azazga. Cette hypothèse pourrait aussi être confirmée par une lettre de Firbach au gouverneur général Albert Grévy, en date du 27 octobre 1881 : « Le programme de colonisation de l’année 1881 comprend, entre autres projets, la création d’un centre de 80 feux à Azazga, commune du Haut-Sébaou arrondissement d’Alger (sic). (...) Je me suis efforcé dans ce peuplement, de grouper ensemble des familles originaires du même département ; vous voudrez bien remarquer, en effet, Monsieur le Gouverneur général, que sur 54 familles de la Métropole admises au peuplement d’Azazga, trente-six sont originaires du département de l’Ardèche. « II est permis d’augurer favorablement d’un tel groupement ; la prospérité des villages de Vesoul-Bénian et du Bois-Sacré est due principalement au caractère départemental qu’a emprunté leur peuplement, et tout porte à croire que les familles installées dans ces conditions à Azazga, seront définitivement acquises à la colonie ».
Le même jour, la liste de propositions en faveur d’immigrants de la Métropole désignés pour Azazga, laisse apparaître 33 noms originaires de l’Ardèche sur 50 attributions. À quelques unités près, ce sont donc les chiffres de Firbach.
Peut-être Firbach, préfet démissionnaire au moment du 16 mai 1877, et revenu en faveur après la démission de Mac-Mahon, avait-il conservé sur place un réseau d’amitiés ? Datée de 1881 une lettre d’un pétitionnaire pour Azazga, Jean-Jacques Champetier, des Assions, au préfet d’Alger le laisserait supposer : « (...) Ainsi si Monsieur le Préfet voulait bien nous placer dans votre département, nous serions de vrais citoyens dévoués au Gouvernement, comme nous l’avons été à la 2° circonscription (sic) de l’Argentière, pour élire notre aimable député Vaschalde. »
Un autre, Eugène Rey, également des Assions, et déjà installé à Azazga, s’adresse en 1885 au même préfet d’Alger, pour hâter le règlement d’une affaire en suspens ; à l’appui de sa demande, il affirme avoir soutenu une quinzaine de jours avant, il s’agit du scrutin du 4 octobre, les candidatures républicaines de Letellier et de Bourlier, élus députés d’Alger.
Faute d’autres sources, nous ne pouvons que nous borner à des présomptions, mais la vraisemblance est grande.
D’autres facteurs ont joué pour favoriser le départ. Ainsi, le 23 octobre 1881, Jean-Jacques Champetier, dans la lettre au préfet d’Atget- précédemment citée, insiste sur les difficultés matérielles et la précarité des conditions de vie : « (...) Nos pays sont malheureux. Le phylloxéra a ravagé complètement nos vignes. La seule ressource qui nous reste, c’est le mûrier qui nous fait un produit de très peu de valeur. Si nous avons quelque peu de blé, il nous faut deux mois pour semer un sac de blé... tout à force de bras et porter le fumier sur notre dos. Il faut avoir le coeur plus dur que le cheval pour résister à de pareilles fatigues. »
Cette lettre au préfet d’Alger, constitue donc une demande de concession, mais Jacques Champetier, transmet le même voeu de la part de cinq de ses amis, Joseph Balmelle, André Pellet, Paul Sautel, Martin Bresson et Biscarrat.
Toujours sous la plume de Champetier, on petit lire que les six demandeurs « ont appris la création d’un village nommé Azega (sic) par le nommé Deschanel, des Assions ».
La période de la colonisation est largement endeuillée. La mortalité est forte. Elle atteint particulièrement les jeunes enfants au cours d’une épidémie de croup très meurtrière durant l’hiver 1883-1884. Du 1er janvier 1883 au 31 décembre 1892, les tables décennales de l’état-civil révèlent 109 décès pour le centre d’Azazga. Les naissances sont au nombre de 135 et les mariages, de 23. Ce dénombrement est légèrement incomplet, car nous ne trouvons nulle part mention de l’année 1882, où trois décès au moins se sont produits. Des pièces administratives en font état. L’un des trois défunts est Alexis Roche des Assions. En juillet 1883, le doyen des colons d’Azazga, Jean Deschanel, né le 10 septembre 1806 à Jean-de-Pourcharesse, et venu des Assions, succombe à la maladie. Il n’était pas concessionnaire à titre personnel, mais avait accompagné ses quatre fils et ses deux gendres, pourvus de lots, comme nous l’avons vu. Son épouse, Marie Pascal, née aux Assions, le 3 octobre 1813, est morte à Azazga le 2 mai 1905. Elle était devenue à son tour la doyenne des colons du centre. Une de ses filles, non mariée, vivait auprès d’elle.
Nous avons ainsi le seul exemple de sept frères et sœurs établis à Azazga. Cette transplantation ne fut pas un déracinement, les liens avec les Assions ne furent jamais rompus, et le fils aîné de Frédéric Deschanel se fixe à Chambonas.
- Azazga : Le square
Les papiers administratifs sont remplis de doléances des colons qui éprouvent les plus grandes difficultés à faire vivre leurs familles et celles-ci sont souvent nombreuses. Nous trouvons une famille de sept enfants, une de huit. À deux exceptions près, les autres sont de quatre, cinq et six enfants. La difficulté des conditions matérielles croît aussi avec l’âge. Or en 1882, nous voyons sept concessionnaires quinquagénaires et quatre près d’atteindre la cinquantaine. Dans l’autre moitié, quatre ont dépassé quarante ans et sept se situent entre trente et quarante ans.
- Azazga : L’Hôtel des touristes
Tandis que commence la colonisation au milieu de tant de difficultés matérielles, une vie paroissiale s’instaure lentement. Azazga dépend de la paroisse de Fort-National, elle-même desservie par les pères Jésuites, de la fondation jusqu’en 1881. À cette date, elle passe au clergé séculier, mais le curé desservant est lui-même secondé par les Pères Blancs de Djemaa-Saharidj.
En 1887, Mekla est détaché de Fort-National et devient mission autonome, confiée au clergé séculier. Le supérieur de la Mission, qui réside à Mékla est assisté, pour les différents centres, de deux auxiliaires. Celui d’Azazga est l’abbé Nicolas Froeliger (1861-1940) qui, en 1894, devient le premier curé d’Azazga érigée en paroisse.
- Azazga : Rue principale.
L’abbé Froeliger exerça son ministère à deux reprises et dans des conditions difficiles, de 1894 à 1899, et de 1906 à 1913. Le souvenir de ses bienfaits s’est perpétué tant que la paroisse a vécu. Devenu chanoine titulaire en 1932 il est mort en 1940. D’origine alsacienne, il avait été condisciple de Mgr Leynaud au séminaire de Kouba. De là datait la profonde amitié qui liait ces deux âmes sacerdotales. Le 25 mars 1940, l’archevêque d’Alger tenait à présider la cérémonie des obsèques du chanoine Froeliger, inhumé dans son village de Camp-du-Maréchal, où il s’était retiré dans sa famille. En 1962, curieux retournement de l’histoire, beaucoup de ces Pieds-Noirs d ’Azazga retrouvèrent l’Ardèche dont ils avaient conservé quelques liens.
J-M L
Article paru dans la revue dans Pieds-Noirs d’Hier et d’Aujourd‘hui- N° 194- Mars. Et publié sur le site http://www.piedsnoirs-aujourdhui.co...
Voir également : « Ardéchois loin de leur terre natale » (->http://www.memoire-ardeche.com/cahi...] « La part de l’Ardèche dans la création d’un village de Kabylie, Azazga » http://www.cerclealgerianiste.asso....
Pour découvrir des photos anciennes magnifiques d’Azazga et de Yakouren, suivre le lien http://lestizis.free.fr/Kabylie/Aza...