Le général Fournier évoque le drame des soldats disparus
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Voici le discours que prononça le général Fournier le 30 août 2022, lors de l’inauguration du monument à la mémoire des militaires français portés disparus durant la guerre d’Algérie (1954-1962).
” Merci, madame la Ministre, qui avez bien voulu, par votre présence, apporter aux familles et aux amis des militaires français portés disparus en Algérie, ce témoignage de RECONNAISSANCE qu’ils attendaient depuis plus de 60 ans. Merci d’avoir présidée cette cérémonie importante et émouvante, qui fait traditionnellement partie du RITUEL de l’armée pour accompagner ses morts.
Je remercie également les représentants des trois armées et de la gendarmerie d’avoir ainsi honoré la mémoire de leurs Anciens disparus en AFN.
Je vous le redis, madame la ministre, merci d’avoir été parmi nous en cette période sûrement très chargée pour vous et notamment un 30 août, date qui marque habituellement l’approche de la fin des vacances et ne figure pas au calendrier des manifestations officielles.
Le choix de cette date n’est pas de notre fait. Il nous a été imposé par la coutume établie par l’ONU qui en a fait la Journée Internationale des Personnes disparues.
Et si nous avons choisi cette date, c’est précisément parce que nous voulions insérer notre démarche, spécifiquement dédiée aux militaires français, au dossier plus général des personnes disparues dans le monde entier, mais notamment en Algérie et vous me permettrez, à cet instant, comme hier au cours de l’office religieux, d’avoir une pensée pour les personnes civiles et les harkis disparus au cours de cette guerre.
En choisissant cette date, nous avons également voulu rappeler que cette Journée a instauré, à propos des personnes disparues, LE DROIT DE SAVOIR ce qu’elles sont advenues.
C’est pourquoi, madame la Ministre, je voudrais formuler le vœu, devant les familles et les amis de ces militaires portés disparus en Algérie, que, sous votre mandat, vous puissiez obtenir de votre homologue algérien l’ouverture des archives algériennes afin de permettre de comprendre ce que sont devenus ces disparus.
Je suis d‘ailleurs certain que, au cours de sa récente visite en Algérie, Monsieur le Président de la République n’aura pas manqué d’aborder ce sujet, car, dans son souci d’apaiser les mémoires, il est sûrement conscient que, comme le dit un vieux dicton : « Une guerre n’est pas finie tant que tous les morts ne sont pas enterrés. »
C’est dans ce but que, parallèlement à cette cérémonie, nous avons aussi publié un LIVRE D’OR qui contient toutes les données qui permettront à d’éventuels nouveaux chercheurs, d’approfondir ces recherches, en Algérie-même.
C’est d’ailleurs dans le même esprit que nous nous sommes associés au Groupe de Recherches des civils français disparus en Algérie, présidée par notre amie, Mme DUCOS-ADER, qui est présente parmi nous et que je salue tout particulièrement, pour créer le site « Graines de Mémoire » qui permettra de matérialiser, sur Internet, la localisation des disparitions et donc de faciliter les recherches sur le terrain.
Et pour faciliter ces recherches, je ne doute pas que vous parveniez à trouver la solution juridique pour collecter l’ADN des proches des disparus, dossier que nous avons déjà soumis à plusieurs reprises.
Tout ceci est bien grave, madame la ministre et je ne m’étendrai pas davantage pour ne pas attrister cette belle journée d’hommage, mais je me tiens à votre disposition pour approfondir
Permettez-moi enfin, en quelques mots, d’adresser quelques remerciements. Je ne pourrai malheureusement pas citer tous ceux qui nous ont aidé, depuis dix ans, pour faire aboutir ce dossier des militaires portés disparus. Mais quelques-uns méritent d’être connus de tous, car SOLDIS leur doit beaucoup.
Au plus loin, me reviennent en mémoire les noms de
• Monsieur Jean-Yves JAFFRES, appelé du contingent en Algérie, qui a réalisé en 2010, une étude personnelle, à ses frais et sans aucune aide, pour dresser une liste de militaires prisonniers et disparus. Il a été notre premier guide.
• Madame Colette DUCOS-ADER, présidente du GRFDA, que j’ai déjà évoquée et qui m’a fait bénéficier, au début de notre démarche, de ses précieux conseils, d’autant plus pertinents qu’elle est elle-même la veuve d’un civil disparu. Soyez assuré, madame, de ma profonde reconnaissance pour le soutien et les encouragements que vous m’avez prodigués. Soyez sûre, également, de mon engagement à vos côtés pour la cause des disparus civils.
• Enfin, cette belle journée, ce monument, c’est grâce à vous, M. le Maire, car vous avez, depuis ma première demande et sans vous douter des soucis que vous alliez donner à votre équipe municipale (moi non plus d’ailleurs !), immédiatement accepté ce projet assez irréaliste, mais qui, grâce à vous et à tous vos collaborateurs, est devenu réalité. Il reste certes, encore à faire, mais je suis certain que la ville de Port-Vendres saura développer, embellir et entretenir ce site qui s’inscrit maintenant dans le patrimoine de la ville, mais également, au niveau du département des Pyrénées Orientales, dans une sorte de parcours mémoriel autour de la mémoire de la guerre d‘Algérie, avec le site de Rivesaltes pour les harkis et le monument de Port-Vendres pour les disparus civils.
Voilà, cette fois-ci, j’en ai vraiment terminé et je dis à chacun d’entre vous, et notamment à tous ceux que je n’ai pas cités, à commencer par mon équipe du Conseil d‘administration de SOLDIS, je dis avec émotion, avec conviction et avec la fierté de la mission accomplie :
MERCI pour les militaires français portés disparus en Algérie ! “
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