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Réponse à un camarade partisan de la célébration du 19 mars

dimanche 5 mai 2013, par Claude GRANDJACQUES

Cher camarade,

Votre courrier du 5 avril a retenu d’autant plus mon attention, que votre parcours fait l’objet de toute mon admiration.

En effet, peu d’hommes de notre génération ont dans un contexte aussi dramatique, une expérience de l’Algérie aussi longue (1954 à 1962) mais surtout aussi riche de contacts porteurs d’avenir avec la population (cinq ans comme enseignant auprès des petits Kabyles dans le cadre du plan d’alphabétisation) auxquels il faut ajouter deux ans et demi comme sous-lieutenant dans l’artillerie. Comme votre courrier a pour objet de m’interpeller sur la commémoration du 19 mars, alors que vraisemblablement nous nous retrouvons sur l’essentiel, c’est-à-dire la nécessité de trouver des voies de rapprochement avec l’Algérie actuelle, je vous réponds par une lettre ouverte sur le site en conservant votre anonymat, ce qui permettra effectivement des échanges sur le sujet.

Veuillez croire, cher camarade, à mes sentiments les meilleurs.


Pour lire le courrier reçu par Miages-djebels, cliquer sur l’image ci-dessous

PDF - 549.8 ko
Lettre à Miages-djebels d’un ancien combattant
qui a été tour à tour enseignant en Grande Kabylie et sous lieutenant d’artillerie

Cher camarade,

Dans votre courrier en date du 5 avril vous m’écrivez notamment : « … Je ne vous approuve pas dans votre condamnation du 19 mars :
- Celle-ci a fait l’objet d’une loi votée par les représentants du peuple français, ce qui, dans notre République, a une autre portée qu’un simple décret (le 5 décembre),
- Nos échanges sur cette question devraient être possibles si chacun s’inspirait de la formule de Saint Exupéry : « celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit » qui figure dans vos statuts.
- Cette même formule vous oblige à condamner ceux qui s’opposent à cette commémoration en usant de l’invective et de la violence verbale.
- Pendant combien d’années encore (jusqu’au seuil de la mort ?) allons-nous voir les anciens combattants, ayant fait la même guerre, s’opposer ainsi, devant les Monuments aux Morts, dans une confrontation ridicule ? …. »

Comme vous avez pu le constater, j’avais évoqué le sujet en janvier 2006 dans le chapitre 7 « La fin de la guerre d’Algérie » du livre « Des Miages aux djebels ». dont le contenu est reproduit in extenso dans l’article circonstancié mis en ligne le 12 mars 2009 « Pourquoi nous refusons la date du 19 mars 1962 » voir http://www.miages-djebels.org/spip.....

Comme je ne m’étais pas encore exprimé sur la loi du 6 décembre 2012, votre courrier me donne l’occasion de vous faire part de mon sentiment sur le déni mémoriel que représente cette date pour les nombreuses familles des victimes tuées et massacrées après la date du cessez-le-feu (plus de 70 000). Comme commémoration est étroitement associée à histoire et qu’occulter certains drames c’est la revisiter, il convient de se questionner sur l’enjeu que représente cette date pour ses partisans dont l’action aujourd’hui serait inspirée, à les en croire, par la colombe de la paix, alors qu’en 1956, ils ont envoyé le contingent faire la guerre en Algérie.

Il revient en effet aux Gouvernements et aux Assemblées des IIIe et IVe Républiques, tout courant politique confondu
- d’être responsables collectivement des causes du drame algérien, en ayant conduit une politique incohérente à l’égard des Algériens en instaurant à partir de 1871, avec le statut de l’indigénat, une ségrégation de fait,
- d’avoir manqué d’autorité face au puissant lobby algérois et de n’avoir jamais su imposer les réformes indispensables donnant aux Algériens la dignité qu’ils étaient en droit d’attendre. Cette situation de mépris a constitué la cause profonde de la guerre d’Algérie,
- d’avoir voté le 12 mars 1956, à une écrasante majorité (455 pour et 76 contre) y compris le vote des Communistes, les pouvoirs spéciaux à l’armée et d’avoir envoyé le contingent en Algérie pour « mater la rébellion » c’est-à-dire selon la terminologie de l’époque les Hors la loi…
- d’avoir, par faiblesse ou par conviction, cautionné et couvert le pire avant l’arrivée du Général De Gaulle et par la suite de s’opposer à lui, car son style de Gouvernement mettait en cause l’existence de la République, comme l’écrivait l’auteur du « Coup d’état permanent ».
- de s’employer aujourd’hui activement, pour des raisons plus dogmatiques qu’historiques, à empêcher la cicatrisation de plaies non fermées d’une guerre de décolonisation ayant dégénéré en guerre civile.

Dans ces conditions, après avoir évoqué l’historique et le contenu de la loi du 6 décembre 2012, je vais tenter d’analyser comment est perçu de l’extérieur, le souffle inspirant cette loi mémorielle, et par la suite le confronter à la réalité des faits de l’année 1962.


1- Historique et contexte.

Pour comprendre les enjeux du choix de ce jour de commémoration, le plus simple est de lire l’article « le 19 mars devient journée nationale du souvenir », Voir http://www.ldh-toulon.net/spip.php?...

Notons que derrière les dates choisies, se cache l’enjeu d’une certaine interprétation de l’histoire avec à la clé une sélection indigne entre les victimes à honorer dans le souvenir et le recueillement.
- D’un côté le 5 décembre [1], jour anniversaire de l’inauguration du monument du Quai Branly aux morts d’Algérie… les victimes civiles et militaires, c’est-à-dire « les personnes disparues et les populations civiles victimes de massacres ou d’exactions commis durant la guerre d’Algérie et après le 19 mars 1962 en violation des accords d’Évian… ».
- De l’autre le 19 mars, jour du cessez-le-feu en Algérie, les victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie… Une date qui oublie l’immense cortège des sacrifiés sur l’autel des documents signés à Évian.

Dans ces conditions, cher camarade, j’ai consulté le site de la FNACA qui est de bonne facture et cherché à identifier cette association http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A...,


2 L’après cessez-le-feu selon la FNACA

21 Une présentation chronologique péchant par omission.

http://www.fnaca.org/memoire-et-his... Voici la chronologie à partir du 18 mars 1962.
- 18 mars 1962, 17h40 - Conclusion des Accords d’Évian, signés par le gouvernement français et le G.P.R.A.
- 19 mars 1962, 12h00 - Proclamation du cessez-le-feu. Le président Charles de Gaulle annonce à l’ORTF le cessez-le-feu et la tenue prochaine d’un référendum en métropole concernant l’autodétermination de l’Algérie.
- 23 mars 1962, L’O.A.S. ouvre le feu sur le contingent à Bab El Oued. Rejetant le cessez-le-feu proclamé le 19 mars par le président Charles de Gaulle, l’OAS se retranche dans son bastion de Bab El-Oued, quartier d’Alger et tente d’empêcher l’indépendance en multipliant les meurtres et les attentats, en interdisant aux Pieds-Noirs de déménager.
- 26 mars 1962, Alger : manifestation européenne à l’appel de l’O.A.S. Fusillade de la rue d’Isly : 41 tués.
- 8 avril 1962, Référendum. Cessez-le-feu approuvé à 90,75% de OUI.
- 25 avril 1962- 26 avril 1962, Attentats O.A.S. en Algérie : Tactique de la "Terre brûlée".
- 3 juillet 1962, Algérie, référendum : L’indépendance votée à 99,72%.
- 29 septembre 1962, Premier gouvernement algérien, présidé par Ben Bella.
- 8 octobre 1962, L’Algérie devient le 109ème membre de l’O.N.U. Proclamée République Démocratique Populaire Algérienne.

Message subliminal : tout a échoué à cause de l’OAS. Pas un mot dans la chronologie du massacre ou de l’enlèvement et la disparition de militaires français, pas un mot sur le massacre des Européens. Quant aux massacres des Harkis, il sera évoqué in fine dans le cadre d’une présentation générale.

22 L’exposition sur la guerre d’Algérie.

Pour lire au moins les pages 19, 20, 21 et 26 de l’exposition concernant le cessez-le-feu, cliquer sur la vignette ci-dessous.

PDF - 2.7 Mo
Exposition FNACA
page concernant le cessez-le-feu et les harkis 19,20,21,26

Celles-ci parlent d’elles-mêmes. Sources : http://www.fnaca.org/memoire-et-his...

23 Le message du 13 mars 2013

Voir le contenu convenu du « MESSAGE DU 19 MARS 2013 http://www.fnaca.org/actualites/132...

La FNACA conclut son message en affirmant :

- « Gardiens et porteurs de la Mémoire, nous savons que commémorer, c’est arracher à l’ignorance, permettre une écriture correcte de l’Histoire dans la recherche de la Vérité sans laquelle rien ne peut se construire, préserver l’Avenir.
- Entrepris par notre Fédération, dès sa création, notre Travail de Mémoire est un élément essentiel du creuset républicain.
- Si le passé est écrit, l’Avenir se construit.
- Pour les jeunes, de plus en plus associés à nos cérémonies, il se prépare sans polémiques.
- Aidons-les avec sérénité.
- Dans le respect de toutes les mémoires, avec esprit de tolérance, regardons notre Histoire avec lucidité. Puisons dans les leçons du passé.
- Favorisons la réconciliation afin de tisser, jour après jour, des liens d’amitié avec les peuples d’Algérie, du Maroc et de Tunisie ».

Le lecteur pourra comparer le contenu de ce message emphatique, avec le message courageux, lucide et empreint de pudeur et de retenue adressé pour la célébration du 5 décembre 2012, par KADER ARIF, le ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants, à l’occasion de la Journée nationale d’hommage aux "morts pour la France" pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie. http://www.miages-djebels.org/spip....

Cette association s’étant autoproclamée gardienne du temple de la mémoire, je n’aurais pas l’outrecuidance de prétendre le contraire. Je me bornerai donc à évoquer les faits.

La guerre ne s’est pas arrêtée le 19 mars : toutes les violations intervenues après cette date ne sont pas à imputer à la seule OAS même s’il est vrai que son action criminelle (voir paragraphe 33) a contribué à faire échouer le contenu des négociations d’Évian.

Le fossé entre les communautés était creusé bien avant, notamment
- le 8 mai 1945 avec les massacres de Sétif et la répression démesurée qui a suivi,
- le 20 août 1955 avec les massacres dans le Constantinois et la répression disproportionnée qui a suivi. http://fr.wikipedia.org/wiki/Massac... La ligne dure du FLN depuis lors a cherché délibérément à créer l’irréparable et l’irréversible symbolisés par le slogan « la valise ou le cercueil » qui date de 1945. Finalement elle a gagné, car aux violences exercées par le FLN répondront, toujours de façon disproportionnée, celles d’une France sure de son bon droit, ce qui, contribuera à créer après son départ une fracture chez les Algériens eux-mêmes…


3 La dramatique réalité des faits.

31 Le contexte politique antérieur.

Il faut rappeler en effet, cher camarade, que si la guerre d’Algérie a été une guerre de décolonisation, elle a été avant tout une véritable guerre civile qui a profondément divisé et divise encore les Français et même les Algériens. Elle a embrasé le sol algérien et le territoire métropolitain pendant près de huit années et s’est poursuivie au-delà du 19 mars 1962. Au-delà de cette date, l’armée encore présente sur le territoire algérien a subi encore de lourdes pertes 1245 morts ( plus de 935 morts et 310 disparus) [2].

Les drames qui ont suivi l’après cessez-le-feu, ne sont que le fruit des contradictions d’une politique où la violence a été érigée en système de gouvernance depuis la conquête. Ce n’était donc pas un document signé avec ceux qui légitimaient leurs revendications d’autonomie et de dignité par la violence elle-même, qui pouvait arrêter le cycle infernal déclenché plus d’un siècle plus tôt.

Sont en cause notamment :
- o Les choix politiques de la IVe République (toutes formations confondues) et l’autorisation de méthodes contestables, lors des opérations de maintien de l’ordre pour répondre aux méthodes non moins contestables des Hors la loi (terme de l’époque) !.. sur un territoire, l’Algérie, considéré alors à tort ou à raison comme la France,
- o la volte-face dans la plus grande ambiguïté qui soit, du général de Gaulle vers l’Algérie algérienne après avoir lancé le 6 juin 1958 dans son discours à Mostaganem « Vive l’Algérie Françaises ! »
- o Un transfert négocié uniquement avec un seul des partis engendrés par notre système colonial, ayant les armes et le sang comme légitimité.

32 – « La guerre d’Algérie ne s’est pas terminée le 19 mars… »

« Plus que jamais, l’Algérie plonge dans la terreur et les populations civiles en sont l’enjeu ». C’est ce qu’écrit l’historien Jean-Jacques Jordi dans son article du 25 octobre 2012, reproduit ci-après. Voir http://www.bvoltaire.fr/jeanjacques...

« Les Accords d’Évian, signés le 18 mars 1962, étaient supposés mettre fin à une guerre dont plus personne ne voulait et à faire cesser les violences dès le 19 mars à midi. Ils interdisaient notamment tout recours aux actes de violence individuelle et collective, toute action clandestine et contraire à l’ordre public…

Cette date restera dans les livres d’histoire. Pour autant doit-elle être synonyme de fin de la guerre ? La réponse de l’historien est non !

En réalité, ces accords étaient à peine signés qu’ils étaient contestés par l’état-major général de l’ALN puis par le FLN dans les jours, voire les heures qui ont suivi. Et pour l’OAS, ces accords, auxquels elle n’avait pas participé, étaient perçus comme une félonie de la part du gouvernement français. Dès lors, une partie de la population s’engouffre dans la terreur.

À chaque assassinat d’un Européen par un Musulman, la foule se livre à des ratonnades qui deviennent systématiques malgré les interdictions répétées du Général Salan. De son côté, le FLN, malgré les discussions diplomatiques à Évian, n’a pas renoncé à ses actions meurtrières. Plus que jamais, l’Algérie plonge dans la terreur et les populations civiles en sont l’enjeu.

De son côté, l’armée française qui a reçu des ordres stricts de respect des accords reste l’arme au pied : « Au cas où des éléments regroupés de l’ALN ou des membres du FLN se livreraient à des opérations de pillage, saccage, destruction, harcèlement et embuscades sur nos forces et nos installations ou sur des biens publics et privés, nos forces ne devront riposter que pour assurer leur propre défense et celle de nos installations. » ordonne le général De Gaulle à l’armée.

On ne peut mieux dire : l’armée peut riposter si elle est attaquée mais si l’ALN ou le FLN s’en prend aux civils, Européens ou musulmans, elle ne peut rien faire. Pour les Européens donc, la guerre n’est pas terminée et le FLN peut se livrer à une série d’exactions, vols, viols, meurtres et enlèvements beaucoup plus importants que par le passé. Dix fois plus d’exactions ont été commises contre les Européens entre le 19 mars et le 27 septembre 1962 (sur quelques semaines) qu’en sept années de guerre ! Des milliers de victimes jusqu’à cette date du 5 juillet à Oran où près de 700 Européens sont exécutés. Les sénateurs semblent l’ignorer : cette journée a été la journée la plus meurtrière de toute la guerre d’Algérie !

Pour les militaires français, la guerre n’est pas non plus terminée le 19 mars : plusieurs centaines d’entre eux seront tués ou enlevés (faisant d’eux des disparus), y compris après l’indépendance, et l’on ne compte plus les militaires français ayant été torturés par le FLN ou ayant subi des humiliations importantes. Un rapide survol des archives du Service historique de la Défense en apporterait toutes les preuves. Voir à ce sujet, in fine de l’article, le témoignage su soldat Aussignac.

Et il y a les ex-supplétifs de l’armée française, désarmés, abandonnés à une mort certaine. Il convient de ne point les oublier. Pour eux, l’horreur arrive dans les jours qui suivent l’indépendance. En juin 1962, dans le bulletin de renseignements mensuels du Corps d’armée d’Alger, on relève que le sort des musulmans engagés à nos côtés est tragique. En dépit des promesses de pardon du FLN, les enlèvements d’hommes de femmes et d’enfants, les exécutions sommaires, mises en quarantaine, les travaux forcés dans les camps de l’ALN en font des parias, jusqu’au télégramme du 4 août 1962 du commandant supérieur des Forces armées françaises en Algérie, le général de Brebisson, adressé au Ministre des Armées : « Primo : Épuration menée par les populations et l’ALN envers ex-supplétifs signalée par message référence, s’est poursuivie avec une violence accrue durant la semaine écoulée (…) Tertio : Honneur vous demande instamment autoriser embarquement vers Métropole ex-supplétifs menacés ». La plupart des historiens ayant travaillé sur les Harkis évaluent leur massacre entre 40 000 et 70 000 personnes ! Pour ceux qui étaient avant mars 1962 sous le drapeau français et pour leurs familles, la guerre n’est pas terminée au 19 mars 1962 !

Pour preuve, le 10 avril 1962, la directive du chef de la Wilaya V, le colonel Si Othmane, qui écrivait : « Le cessez-le-feu n’étant pas la paix, nous devons user de tact et agir avec souplesse afin de les [les ex-supplétifs] gagner provisoirement pour ne pas leur donner l’occasion de faire encore le jeu de l’ennemi. Leur jugement final aura lieu dans une Algérie libre et indépendante devant Dieu et devant le peuple qui sera alors seul responsable de leur sort. Il y a donc lieu d’inviter ce peuple assoiffé de vengeance à contenir sa colère (…) et que le moment attendu n’est pas encore arrivé. »

Peut-on interpeller nos sénateurs et leur dire qu’en cette fin de guerre d’Algérie, là où certains voyaient de la justice, il n’y avait que de la vengeance… »

33 La folie criminelle de l’OAS.

Pour prendre conscience de la folie criminelle des ultras, civils ou militaires, pris de fureur meurtrière devant l’inanité de sept années d’une guerre inutile, lire le document illustré de photos établi par l’ECPAD « Les accords d’Évian ou la deuxième guerre d’Algérie 18 mars – 30 juin 1962 », cliquer sur la photo, ci-dessous.

PDF - 3.5 Mo
Les accords d’Évian ou la deuxième guerre d’Algérie 18 mars – 30 juin 1962

34- Le double jeu du FLN ou son absence d’autorité facilitant les vengeances.

Bien que victorieuse sur le terrain au prix de combats et de violence sans merci, la France, affaiblie politiquement sur la scène internationale, avec le document du 18 mars 1962 signe la victoire et la reprise en main de la population par le FLN. La préoccupation de certains de ses membres dorénavant sera d’installer enfin l’Algérie algérienne SANS LA France. La transition sera accompagnée d’un tsunami permettant l’émergence de violences sans pareil en réaction à celles exercées dernièrement par notre pays.

Les réactions aux frustrations et aux violences subies allaient déclencher les plus grands massacres qui soient. Ceux-ci étaient inscrits dans les astres. Les anciennes victimes allaient pouvoir se venger en toute impunité, aidées par les « marsiens », ces combattants de la dernière heure qui cherchaient à plaire aux nouveaux maîtres.

Le massacre des harkis, leur enlèvement leur exécution ou leur internement, ainsi que l’enlèvement, l’attaque et l’exécution ou l’internement de militaires français sont immanents à la situation antérieure et au double jeu du FLN ou à son absence complète d’autorité sur les « Marsiens ». Voir à ce sujet le témoignage « L’après 19 mars 1962 d’un maréchal des logis en Grande Kabylie ».http://www.miages-djebels.org/spip....

Voir également le témoignage du général François Meyer. Cliquer sur la photo ci_-dessous

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LE DRAME DES HARKIS EN 1962 Général François M E Y E R , ancien lieutenant chef de harka.

Voir également le Témoignage d’un juste sur « Le massacre du 5 juillet 1962 » Ce Français d’origine kabyle a dû être ramené d’urgence en France pour éviter des représailles. Son témoignage est édifiant sur les conditions de respect du cessez-le-feu.

« Le lieutenant Kheliff commande la 4e compagnie du 30e BCP (30e Bataillon de Chasseurs Portés3). Le 5 juillet 1962, il apprend que des civils européens sont regroupés en divers points de la ville d’Oran, dans l’attente d’être exécutés, sans que l’armée française intervienne. Il décide de passer outre les ordres. Il prévient par téléphone son colonel, qui répond : « Faites selon votre conscience, quant à moi je ne vous ai rien dit. »…. http://fr.wikipedia.org/wiki/Rabah_...

35. Concernant le drame des militaires enlevés et/ou disparus.

Au fait, cher camarde, connaissez-vous le calvaire enduré par le soldat Aussignac ? Voir « La terrible énigme des militaires français disparus » http://www.miages-djebels.org/spip.... Combien sont-ils ? Pour raison d’État, il fallait occulter l’échec patent des accords signés à Évian.

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Les disparus en Algérie, débat au Sénat
le 19 novembre 1963. Evocation du cas Aussignac

4 Les estimations chiffrées des victimes après le 19 mars 1962.

En effet, cher camarade, avez-vous conscience de ce qui s’est passé sur le sol algérien après le cessez-le-feu ? des massacres d’une ampleur sans précédent depuis la Révolution française. Des massacres soigneusement occultés par le pouvoir politique ou évoqués comme faisant partie du cours de l’histoire de l’Algérie par l’association qui entend imposer la date du 19 mars.

Dans l’indifférence générale d’une France gagnée par la quiétude de voir ses enfants rentrer enfin au pays, le pouvoir français, paralysé par le document signé, reste de marbre. Tout se passe comme si l’échec des accords d’Évian incombe à la seule OAS et à sa politique de la terre brûlée. Voici une estimation chiffrée de la catastrophe humanitaire découlant des conditions d’application du cessez-le-feu :

  • 935 morts et 310 disparus [3], eux ne reviendront jamais dans leur famille.

Pire pour un très grand nombre, il sera impossible de connaître leur sort. Tués, enlevés [4] et/ou massacrés après cette date. Parmi eux, deux Hauts savoyards :
- un disparu, Dutruel Maurice. Sa famille en est sans nouvelle depuis le 27 juin 1962.
- Un assassiné, le Lieutenant Gelas, originaire de Thonon, exécuté par des soldats de l’ALN le 9 août 1962 près de Laghouat, avec le brigadier-chef Enrico Locca et les deux légionnaires Stgepan Pepelko, Yves Roncin. Voir le site http://www.3emegroupedetransport.co...

  • 70 000 harkis et leurs familles (estimation), massacrés dans des conditions d’indicible barbarie. Après leur avoir fait croire pendant des années qu’ils étaient français et devaient combattre pour la liberté à nos côtés, la France d’alors les désarme et les empêche de venir en France. Pour en savoir plus se référer à l’article de Sylvie Thénault, “massacre des harkis ou massacres de harkis ? qu’en sait-on ?” Voir http://www.ldh-toulon.net/spip.php?...

À ce martyrologe concernant nos soldats, il faut ajouter :

  • 1700 Européens, disparus ou enlevés après le 19 mars. Voir à ce sujet les recherches de l’historien Guy Pervillé, voir http://babelouedstory.com/thema_les...
  • 2000 Musulmans et Européens, victimes directes ou indirectes des actes terroristes suicidaires de l’OAS. Voir à ce sujet, les pages 297 à 303 du livre « Des Miages aux djebels » http://www.miages-djebels.org/spip....

Tel apparaît la dimension des drames humains, conséquences de l’inconséquence de la France, qu’occulte délibérément le choix du 19 mars 1962.

Le 19 mars 1962, dans les faits symbolise non pas le cessez-le-feu, mais l’autorisation de faire couler le sang, le commencement des sacrifices expiatoires sur l’autel de la vengeance, du ressentiment et de la fureur accumulés par tant d’années de guerre civile au cours desquelles la violence française s’est exprimée en réponse à celle de la partie adverse qui dorénavant règne en maître sur le pays et humilie les soldats français restés sur place. Voir un aperçu de l’ambiance vécue dans les Aurès. Pour lire, cliquer sur la photo.

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Témoignage d’un ancien d’AFN
qui était dans les Aurès

Une date dont des pacifistes antimilitaristes mais patriotes occultent la portée réelle parce que tout à leur joie de regagner leurs familles, ils cherchent à passer sous silence, les conséquences désastreuses de la guerre à laquelle ils ont participé. Une date présentée aujourd’hui pour accroire aux nouvelles générations que les anciens d’AFN reviennent de l’enfer de Verdun et qu’avec le 19 mars 1962, il faut célébrer la victoire de la paix sur la guerre, alors que cette date est marquée à jamais du sceau de la honte pour non-assistance à nos propres soldats et à la population en danger.

Pour mieux comprendre concrètement le sens d’une commémoration fondée sur la date du 19 mars, j’ai effectué d’autres recherches. J’ai découvert

- le livre de de Chantal Morelle, dont les conclusions évoquent le sujet. Vous pourrez en prendre connaissance en cliquant sur l’image ci-dessous

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Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin à la guerre d’Algérie ? 1962, les accords d’Évian par Chantal Morelle, agrégée et docteur en histoire, a été chargée des études et recherches à la Fondation Charles de Gaulle.
A publié notamment De Gaulle, le gaullisme et les gaullistes (A. Colin), Louis Joxe, diplomate dans l’âme (André Versaille éditeur) et Le Gaullisme pour les Nuls (Éditions First). www.andreversailleediteur.com Mars 2012 22,90 €

- le contenu de l’allocution prononcée le 19 mars 2012 par Gerard Dassonvalle, le maire de Wingle (62410). Celui-ci a lu un témoignage résumant à lui seul l’absurdité du conflit « La grappe de raisin et le prisonnier ». Il terminait le récit par une petite phrase de Saint-Exupéry : « Le soldat n’est pas un homme de violence. Il porte les armes et risque sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d’aller sans faiblir au bout de sa parole en sachant qu’il est voué à l’oubli. » http://www.monwingles.fr/index.php/...


Conclusion.

En résumé, cher camarade, avec cette date de commémoration, ce n’est pas à l’oubli que sont voués ceux qui sont morts après le 19 mars 1962, les soldats tués ou enlevés, les harkis torturés et massacrés, les européens volatilisés ou disparus. C’est à l’enfer du néant. Ils y sont relégués par certains de leurs anciens camarades. Ceux-ci ont même réussi à y associer de surcroît les ors de la République, les drapeaux et la musique.

Après avoir été trahies par les politiques, dont un général, au nom de la raison d’État, voilà que maintenant les victimes du cessez-le-feu sont trahies par les « marsiens » français au drapeau blanc, qui osent se présenter comme leurs frères de combat et les dépositaires de la mémoire.

Cher camarade, après avoir vécu « le temps du mépris, du mensonge et de la honte », notre génération n’a qu’une obligation : au nom de la mémoire, présenter la vérité.

C’est pourquoi au nom des parents des victimes, le modeste ancien combattant que je suis, demande maintenant qu’ils sont au pouvoir, aux partisans de la célébration de la date mortifère du 19 mars, de faire ouvrir les archives et de communiquer officiellement aux familles et au monde combattant la liste des victimes militaires (935 morts et 310 disparus) après le 19 mars 1962 pour que ceux-ci puissent être enfin honorés officiellement et dignement.

Pour amorcer la liste du martyrologe, voici le fruit des recherches de Jean Yves Jaffrès, un ancien d’AFN méritant qui doit être salué pour son travail de mémoire désintéressé. Pour lire, cliquer sur la photo

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Les militaires disparus après le 19 mars 1962 d’après le livre de Jean Yves JAFFRES 1

Une fois ce travail accompli, nous pourrons avec l’Algérie, honorer ensemble la mémoire de toutes les victimes françaises et algériennes de cette tragédie, un drame dont les causes n’ont pas à être éludées. Voir à ce sujet l’article écrit le 29 juin 2011 : « Devenons des messagers de l’Akfadou ». http://www.miages-djebels.org/spip....

Voilà, cher camarade, les réactions que m’inspire votre courrier. Vous m’en pardonnerez je l’espère la franchise qui n’est dictée que par l’estime et l’admiration que je porte à votre action éducative auprès des petits Kabyles à qui nous portons l’un et l’autre beaucoup d’attention et d’affection.

Bien à vous.

Claude

Notes

[1] Un pis-aller après le rejet de la date du 16 octobre qui correspondait pourtant à la date de l’inhumation du premier soldat inconnu d’Algérie à Notre-Dame de Lorette.

[2] Question écrite n° 18940 de M. Jean-Marie Bockel (Haut-Rhin - UDI-UC) publiée dans le JO Sénat du 16/06/2011 - page 1565

[3] « Néanmoins, 30 000 appelés du contingent ont été affectés en Algérie entre le 19 mars 1962 et le 1er juillet 1964. Durant cette période, la France a compté 935 morts et 310 disparus. Ces appelés ne bénéficient pas de la carte du combattant. Aussi, il souhaite connaître les mesures que le Gouvernement envisage d’adopter afin d’accorder la carte du combattant aux appelés ayant servi la France en Afrique du Nord du 19 mars 1962 au 1er juillet 1964 ». Question écrite n° 18940 de M. Jean-Marie Bockel (Haut-Rhin - UDI-UC) publiée dans le JO Sénat du 16/06/2011 - page 1565

[4] À ce sujet, lire le livre documenté de Jean Yves Jaffrès « Militaires français prisonniers du FLN ou disparus en Algérie » publié en 2009.

3 Messages de forum

  • Excellente analyse, et j’ai vjen aimée et surtout :

    « Le soldat n’est pas un homme de violence. Il porte les armes et risque sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d’aller sans faiblir au bout de sa parole en sachant qu’il est voué à l’oubli. »

    En souvenir de tous ces soldats morts pour la France, parfois pour rien comme, par exemple en Algérie et en Indichine, je vous propose ce chant qui leur rend hommage.

    Comme c’est un groupe "métal" (Paris Violence - L’Espérance) qui le chante et que les paroles sont parfois difficiles à comprendre au plan phonétique, je vous indique le refrain : "Courage, soldat ! Il disait reprend courage, L’espérance est un trésor, Même le plus noir nuage A toujours sa frange d’or."

    Et il chante les monts de votre chère Kabylie (mais sans aucun ressentiment)

    Voici la video youtube : http://www.youtube.com/watch?v=KEFG...

    • Je suis moi aussi ancien sous-officier de la guerre d’Algerie et a ce titre je suis membre de l’UNC et de la FNACA.Il y a pas mal d’annees que je milite dans ces deux associations pour l’arret des conflits "memoriels" qui n’ont d’interet que pour les enrages politicards et pour ceux qui s’en servent.Ceux la n’ont pas connu, pour la plupart,les conditions reelles du deroulement de ce conflit et l’espoir qu’avait fait naitre le retour du "Grand Charles" le 13 mai 1958.Apres les propos qu’il a ensuite tenus en differents endroits,qui aurait pu le soupçonner d’envisager une telle trahison a l’egard de ceux qui le ramenaient au pouvoir ?J’etais a Tichy ce 13 mai 58 a la 4é comp du 57é RI et je n’ai pas oublie la joie et l’espoir redonne aux habitants de cette region. Que De Gaulle ait ensuite perdu ses illusions quant a" la France de Dunkerque a Tamanrasset" me semble parfaitement logique,mais pour un homme qui se voulait providentiel,comment s’est-il aussi facilement fait berner par le FLN alors qu’il aurait pu retouner l’arme supreme de celui-ci en faisant appel a l’ONU dont le FLN et ses allies s’etaient adroitement servis devant l’opinion mondiale.Il ne pouvait non plus ignorer que certains de nos petits copains europeens lorgnaient vers le petrole du Sahara .De mon cote je n’arrive pas a comprendre l’idolatrie que certains portent a ce chef qui pour moi n’a de grand que la taille,j’ai souvent crapahute avec les harkis et l’abandon criminel dont ils ont ete victimes me semble bien plus grave que les actes desesperes de l ’OAS .sgt P BRAEM Croix de la valeur militaire

      • afin de ne laisser planer aucun doute sur ma position quant a la celebration du 19 mars,je me permets d’ajouter quelques precisions sur le sujet.Je ne suis pas un fanatique de ces commemorations a repetition que les" politiques" ont multipliees au fil des alternances et en reduisant fortement l’impact.Je crois fermement que l’histoire retiendra ce 19 mars comme etant le debut du desengagement volontaire ou forçe,c’est selon l’avis de chacun,de l’armee française voulu par le chef de l’etat.Cela n’enleve rien aux drames ulterieurs que tant d’incomprehensions reciproques ont engendres.Les anciens d’Algerie auraient facilement admis d’etre honores le 11 novembre si un etourdi n’avait pas consulte son agenda du 5 decembre, allumant ainsi un conflit politicard, o combien plus grave que sa derisoire dissolution de l’assemblee nationale.Cette gueguerre finira bientot faute de combattants.P Braem


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