Ses recherches viennent de donner lieu à un livre : un travail rigoureux, méthodique qui a réclamé constance, coeur et courage. Dans son ouvrage, le lecteur fera connaissance avec plus de 500 militaires disparus, 146 prisonniers du FLN... Beaucoup ont un visage. Que Jean Yves soit remercié pour avoir accompli ce travail de mémoire sur ce sujet si difficile et si douloureux
Nous savons également que bon nombre de combattants de l’ALN ont subi un destin similaire. Que le destin tragique et le souvenir de tous ces disparus nous deviennent familiers et que la souffrance et la peine des familles des combattants français ou algériens aident ceux qui sont encore marqués par les stigmates de cette guerre à se dépasser. La douleur a marqué les deux camps.
Jean Yves est retourné dernièrement sur son piton en Grande Kabylie et a rencontré des anciens de l’ALN (voir le document en pièce jointe in fine). Avec cette démarche il montre la voie à suivre.
Il serait temps que les anciens combattants des deux pays se retrouvent pour bâtir un avenir enfin apaisé. Il en va de l’avenir de nos petits-enfants.
Claude.
AVANT-PROPOS Disparu... Les disparus...
Disparu, porté disparu.... Une formule administrative sèche et brutale qui qualifie un état, une situation qu’on ne veut dans l’instant ni admettre, ni accepter : une absence, une perte qu’on veut, envers et contre tout, provisoire parce que on refuse la réalité d’autant plus douloureuse qu’elle est brutale et, hélas, souvent définitive...
À une période de ma vie j’ai été un disparu, quelqu’un qui, comme d’autres, en l’espace d’un temps très court est passé du stade de vivant à celui de « présumé vivant ou mort »... Quelqu’un à qui on a attribué le qualificatif de « enlevé par des rebelles »... Vivant ? Mort ? On ne sait pas. Alors on dit : « disparu »...
Mais cette appellation de disparu et cette catégorie « administrative » dans laquelle on m’avait provisoirement classé je n’en étais pas conscient lorsque avec mon camarade Joël nous marchions à très vive allure dans le maquis kabyle, otages entraînés de force par un commando de fellaghas vers le P.C. du fameux et sinistre colonel Amirouche, chef de la wilaya 3 de Grande Kabylie... c’était en janvier 1959...
De fait, nous étions encore des « vivants » plus préoccupés à survivre qu’à philosopher sur la manière qu’avait l’Administration de considérer notre disparition. ..
Disparus... pour nos parents, pour nos familles, cela n’avait pas du tout le même sens... Disparus en Algérie, un territoire en pleine insurrection, en pleine guerre, cela voulait dire que nous étions peut être morts, assassinés et que nos cadavres gisaient dans un coin de forêt... sans sépulture même anonyme. Aucune information pour ces familles éplorées, sinon les quelques lettres officielles dans lesquelles les autorités s’efforçaient de leur donner confiance avec des propos et des affirmations qui n’arrivaient pas à cacher la réalité... Nous étions disparus... Peut être encore en vie, ou plus vraisemblablement morts...
Dès l’annonce du drame leur vie devenait un trou noir... Le néant... La cruauté extrême de la situation d’un disparu vis-à-vis de ses proches, c’est que ceux-ci ne peuvent être sûrs de sa mort... Ne peuvent jamais être fixés sur son sort...
Comment faire avec cette incertitude ? Avec cette douleur indicible et impuissante infligée à ces familles, avec ce doute permanent qui taraude leur esprit quant à la fin dramatique ou la survie douloureuse de celle ou celui qu’ils aimaient... qu’ils aiment, et qui se trouve quelque part entre les mains de ravisseurs insensibles et cruels.
Disparu... plus que pour la victime, le mot est symbole de tourments et de cauchemars permanents pour les vivants qui espèrent envers et contre tout un improbable retour de l’être cher et aimé, un fils, un frère, un mari ou un père...
Vivre avec ce doute permanent qui ronge l’âme et la prive de cette paix intérieure indispensable pour « faire le deuil » de celle ou celui qui n’est plus présent..
Douleur aussi terrible et suprême que celle de ne pouvoir se recueillir sur une tombe parce qu’elle est vide...
En octobre 2004 j’ai participé à un colloque sur « Les disparus en Algérie pendant et après la guerre »... Les témoignages des familles, 50 ans après attestaient d’un Mal que rien ne pouvait apaiser... J’en ai été bouleversé, moi, un disparu revenu par chance à la vie...
Le livre de mon ami Jean-Yves Jaffrès est un ouvrage exceptionnel. Cette enquête fouillée et détaillée qui exprime tant de compassion et de souci de vérité a une conséquence immédiate qui prévaut sur toute autre. Elle sort de l’oubli ces compagnons perdus, leur donne enfin la place qu’ils méritent désormais, qu’une administration sans cœur leur refusait depuis tant d’années.
Avec mes quatorze compagnons morts et disparus dans la forêt de l’Akfadou, avec Joël, Michel, Jean et tous les autres. Ils sont devenus des « Témoins pour La Mémoire ».
René ROUBY Ancien prisonnier du F.L.N.
INTRODUCTION
Parmi les séquelles de la Guerre d’Algérie, la Mémoire ne doit pas écarter les oubliés de l’Histoire : des ex-prisonniers du F.L.N. sont encore là pour témoigner. Des familles pleurent toujours leurs disparus, happés par la machine de guerre. Ils ont du mal à faire leur deuil par méconnaissance des faits et de l’absence d’un lieu de recueillement.
Bien des mystères planent encore sur cette guerre d’Algérie. Christophe WEBER dans son film « Disparus en Mission », parle des disparus des Abdellys, et de quelques autres dont Raymond BOUCHEMAL. Il a le mérite d’ouvrir cette douloureuse page de l’Histoire, et de nous dévoiler une partie de la face cachée de la réalité. http://appelesenalgerie.free.fr/bou... Les faits sont gommés par la politique et souvent ignorés par le public. Osons une approche beaucoup plus globale. Les nouvelles générations ont le droit de savoir. Notre génération, celle du djebel, a le devoir d’apporter leur connaissance pour rendre un ultime hommage aux camarades qui ont laissé leur jeunesse, (avec tous leurs espoirs ou projets), et leur vie quelque part, là-bas, en A.F.N. La plupart n’ont pas eu de sépulture et les familles n’ont pas un endroit pour se recueillir. Ils sont « disparus », c’est-à-dire ils ne sont nulle part, sinon dans le néant, ils se sont volatilisés ! ! !
D’abord, il y a une histoire commune entre la France et l’Algérie. Il est temps d’entreprendre une réflexion commune et objective sur ce passé commun. Certaines personnes veulent, d’un trait de plume effacer le passé, tourner la page à toute une trame historique où se mêlent relations humaines et patrimoine.
Il faudra bien que nous arrivions un jour, Français et Algériens, à reconnaître et à saluer, ensemble les morts causées de part et d’autre par ce conflit. Le travail de mémoire s’avère difficile car le souvenir reste brûlant et douloureux. « La haine n’a jamais rien créé" [1]
Nous pouvons retenir que « le sang des martyres coule encore au cœur de l’aubier des oliviers ou que le feu de l’enfer algérien duquel nous nous sommes évadés brûle encore ». Mais, je suis convaincu que ce travail de MEMOIRE est indispensable, si nous voulons engager un véritable processus de réconciliation et de coopération. La passivité n’est pas la dynamique que nous attendons de nos hommes politiques.
L’ignorance des circonstances et des lieux de décès, puis le non retour des restes dans la sépulture familiale, empêche, où prolonge, le temps de deuil des familles. Il ne s’agit pas de toujours différer le problème. Il faudra bien un jour regarder courageusement cette réalité de face et non pratiquer la politique de l’autruche.
Il est nécessaire d’analyser l’histoire, d’observer les faits dans leur complexité, d’ouvrir nos archives, de procéder à des enquêtes, de recueillir des témoignages, de lancer des programmes de recherches de part et d’autre de la Méditerranée qui alimenteront ensuite nos manuels scolaires, pour nos enfants, la mémoire et l’Histoire.
Après une trilogie sur la guerre d’Algérie, le vécu des appelés, rappelés et des militaires qui se situaient sur le terrain avec « La vie de soldats bretons dans la guerre d’Algérie », « Soldats dans la guerre d’Algérie » et « Notre guerre et notre vécu dans la guerre d’Algérie » voici « Prisonniers du F.L.N., ou disparus en Algérie ». La trilogie faisait déjà un intéressant tour d’horizon en tenant compte de trois dimensions : le temps (1954-1962, même un peu plus large) ; l’espace : tout le territoire algérien ; et divers régiments.
D’autres témoignages auraient bien pu y figurer, mais il faut, me semble-t-il, savoir mettre un terme à un travail de recherche. Jusqu’à présent 300 témoins collaborent à ces études et bien d’autres m’en ont depuis parlé et auraient accepté de témoigner.
C’est en nous confrontant ensemble, en toute sérénité, sans animosité, à ce passé que nous pourrons établir des relations apaisées, confiantes, amicales. Vouloir tout camoufler, n’est pas à l’honneur de nos gouvernants d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée.
N’ajoutons pas d’huile sur le feu, n’agitons pas je ne sais quel spectre, pour se maintenir au pouvoir, ne serait-ce que pour l’honneur, mettons notre intelligence au service d’une saine coopération et de la paix.
Les difficultés rencontrées dans cette recherche sont de divers ordres ; d’abord l’écriture des noms, parfois mal transcrits, arrive à donner des doutes sur les patronymes (des homonymes ?) Les dates différentes de disparition pour un même nom, n’ont pas facilité l’étude. Il existe encore des lacunes et, malgré toutes les précautions, il peut rester des erreurs. Des noms s’y trouvent sans savoir s’il s’agit d’un civil ou d’un militaire, s’agit-il d’un soldat tué lors d’un combat, ou même fut-il vraiment prisonnier du F.L.N. ? Il reste des doutes.
Parfois nous avons la connaissance d’un nom, des circonstances de la disparition, mais nous ne savons pas à quel régiment il appartient, d’autant plus que certains d’entre nous sont passés dans plusieurs unités militaires.
Des noms de maghrébins figurent aussi sur les listes des prisonniers et disparus, qu’ils soient Français ou Algériens, s’agit-il d’appelés du contingent qui faisaient leur service militaire, (ils étaient tous français à l’époque), ou s’agit-il de supplétifs de S.A.S., ou intégrés dans une compagnie, un escadron, pour les services qu’ils pouvaient rendre à l’Armée française ? Des supplétifs, pris par le F.L.N., ont pu poursuivre leur combat dans l’A.L.N.
Certains se sont évadés, d’autres ont été libérés ou échangés. Depuis leur retour sur le sol français, le nombre de ces survivants se réduit, et je n’ai pas toute l’information souhaitée pour le préciser. Il n’est pas toujours aisé de démêler les prisonniers, car comme déjà signalé, ils sont tous dans les disparus, mais tous les disparus ne sont pas des prisonniers.
Dans un premier temps nous nous intéresserons aux prisonniers du F.L.N., ceux qui, malgré toutes leurs souffrances, ont tout de même eu la chance de revenir. Ils sont marqués d’une trace indélébile et ils attendent encore une certaine reconnaissance. Ils ont fait plus que leur devoir et espèrent, souvent en vain, un geste de l’État français.
Il est ici réalisé plusieurs études : les prisonniers revenus, les corps retrouvés et les prisonniers disparus. Pour chacune il y aura quatre regards. Le chapitre chronologique forme le pivot de chaque recherche. Les trois autres angles : par département ; par régiment ; ou selon l’ordre alphabétique, constituent trois autres formes d’approche d’une même réalité pour répondre aux préférences des uns et des autres. Ces textes sont présentés sous forme de listes, afin que chacun trouve l’angle souhaité pour sa recherche.
Nous trouverons également en fin de l’ouvrage des pièces officielles glanées, qui attestent que ces personnes ont bel et bien existé, qu’elles ont été appelées à servir en A.F.N., surtout en Algérie, et qui sont disparues. Ces références seront données par les extraits d’actes de naissance [2] et les transcriptions de jugements déclaratifs de décès rendus par un Tribunal de Grande Instance.
Il convient d’orienter les investigations vers le lieu du dernier domicile des intéressés où, conformément à l’article 91, alinéa 1er, du Code civil, sont opérées les transcriptions de ces décisions judiciaires. Mais les notes marginales donnent également des renseignements intéressants, dont « Mort pour la France ».
Jean Yves JAFFRES.
Témoignage de la femme d’un disparu en Algérie Lieutenant Raymond Bouchemal
(Ce témoignage n’est pas extrait du livre)
Des appelés peuvent se poser la question pourquoi s’acharner à n’éclaircir que la situation d’un seul disparu qui de plus est un militaire de carrière alors qu’il y a des centaines de disparus ! Cela peut paraître surprenant de voir un appelé contribuer à éclaircir le cas Bouchemal, mais l’Armée, encore dite la Grande Muette, peut contribuer plus facilement à clarifier la situation d’un membre de leur grande famille et si nous arrivons à ouvrir une porte les autres cas suivront peut être.
Ces corps de disparus pourront-ils un jour reposer en France et qu’ils aient une sépulture afin de permettre à leur famille de se recueillir sur leur tombe ?
" Quant aux recherches concernant mon mari : rien de nouveau, si ce n’est que la réponse donnée par le Ministère de la Défense et du Ministère des Affaires Etrangères, ne correspondent en rien avec les renseignements que m’avait donné son commandant à l’époque des faits. Où est la vérité ? De toutes façons, je persévère et n’abandonne pas. " . Extrait d’un courrier de Madame Bouchemal, juillet 2000.
La situation (d’après Mme Odette Bouchemal, le 25 février 2000) Mon mari, le Lieutenant Raymond Bouchemal, officier des affaires algériennes, chef de la S.A.S. de Tassala (Nord Constantinois) nommé capitaine le 1er juillet 1958, non à titre posthume, a été fait prisonnier par le F.L.N. au cours d’une opération de contrôle dans ce secteur, en lisière de la forêt des Arres, le 05 juin 1958. J’en ai été informée par lettre de son Commandant à la date du 25 juin 1958. Depuis ce jour, je n’ai plus reçu aucune nouvelle, ni aucune information certaine le concernant. Cependant, d’après les renseignements recueillis sur place par son Commandant :
Lettre du 27 juillet 1958 : mon mari a été aperçu, à deux reprises, au moment où il se rendait avec d’autres prisonniers français, à une corvée d’eau, à une source située, tout près, de leur lieu de d’incarcération.
Lettre du 26 août 1958 : Mon mari aurait été transféré dans la région d’El-Milia (vraisemblablement au P.C. des Beni-Sbihi), au nord-est de Mila.
Lettre du 06 avril 1959 : " Mon mari aurait été vu dans une mechta des Ouled-Askeur à une quinzaine de kilomètres, à vol d’oiseau, de Tassala. "
Le 29 décembre 1960. : Je reçus une dernière lettre du commandant annonçant les deux hypothèses ci-dessous évoquées, sans aucune garantie : 1) Mon mari aurait quitté la région des Ouled-Askeur où il était resté captif, vraisemblablement jusqu’en avril 1959, pour être dirigé à deux reprises vers la frontière tunisienne qu’il n’aurait pu franchir à cette époque. 2) L’Ambassade de France, en Tunisie, aurait signalé la présence de mon mari dans un camp du F.L.N. dans ce pays.
Dans ces conditions, mon mari n’ayant pas donné de ses nouvelles et n’ayant pas été remis aux autorités françaises, conformément aux accords d’Evian, a été porté disparu et déclaré décédé le 05 juin 1958, par un jugement rendu le 18 avril 1963 par le Tribunal de Grande Instance de Troyes (lieu de sa domiciliation), suite à la procédure de déclaration judiciaire de son décès.
Ministère des Armées - 7e Bureau Etat-Civil, lettre du 21 novembre 1963 Le Ministère des Armées donnait des indications rédigées au conditionnel, sur le décès probable de mon mari en captivité et, selon ces indications, il aurait été jugé par un Tribunal du F.L.N. et exécuté. Par cette même lettre, suite à une demande écrite de ma part, il m’a été répondu que la réglementation en vigueur n’autorise pas à communiquer une photocopie des documents d’après lesquels a été rendu le jugement déclaratif du décès de votre mari, le capitaine Raymond Bouchemal. Du même Ministère, une autre lettre en date du 31 décembre 1963 laisse supposer que le décès de mon mari serait survenu entre avril et juin 1959. Lettre du Ministère de la Défense du 18 mai 2000. Par lettre en date du 2 mars 2000, vous avez demandé au ministre de la Défense de bien vouloir fournir au ministre des Affaires étrangères tous les renseignements et informations qui pourraient aider à la recherche du corps de votre mari porté disparu en juin 1958 et déclaré décédé le 5 juin 1958 par le jugement du 18 avril 1963. A la réception de ce courrier, une enquête a été lancée auprès des services historiques de la défense afin de recueillir toutes les informations possibles sur les circonstances de la disparition et de l’exécution du capitaine Bouchemal, officier des affaires algériennes, chef de la S.A.S. de Tassala (Nord-Constantinois) Votre mari a été enlevé par les rebelles le 5 juin 1958 alors qu’il effectuait une opération de contrôle dans ce secteur aux abords de la forêt des Arres (Nord de Rouached). Il a été ensuite emmené au Marquez de " Si Turki " en compagnie d’autres mokhaznis capturés et aurait été plusieurs fois déplacé avant d’être exécuté. De nombreux témoignages concordants et une annonce sur Radio Tunis de l’émission " La voie de l’Algérie Arabe " le 28 juillet à 20 heures ont fait état de l’exécution du capitaine Bouchemal, qui aurait été jugé par un tribunal rebelle et condamné à mort. De l’enquête conduite au sein du Ministère et des pièces composant le dossier, aucune information ne donne d’éclaircissement sur les conditions et le lieu d’inhumation de cet officier.
Lettre du Ministère des Affaires Etrangères du 31 mai 2000. Il se confirme que votre époux a bien été capturé par les rebelles le 5 juin 1958, à 10 km au nord de Rouached, près de Mila. A la lecture d’extraits du compte rendu d’activités relatées par le sous-chef Charles Clair pour la semaine du 8 au 15 juin, on relève que le lieutenant Bouchemal aurait été gardé en compagnie de mokhzanis également faits prisonniers au Marquez de " Si Turki ", où les habitants du douar les auraient aperçus. D’après les renseignements fournis par un informateur non identifié, les HLL auraient songé à un éventuel échange entre le Lt Bouchemal et Si Nouar un des leurs fait prisonnier dans les Arres au début 1957. Mais rapidement de la mechta Souasta, votre mari serait reparti en direction de Bou Daoud, et il aurait été vu fortement escorté en route pour El Milia. Les rebelles auraient fait savoir leur intention de le juger car il aurait été trouvé en possession d’une liste de 150 de leurs partisans. Un renseignement de source protégée en date du 24 juillet permet d’affirmer que cet officier a été jugé et exécuté par les rebelles de la wilaya 2 dans la région d’El Milia. Cette exécution avait par ailleurs été annoncées au cours d’une émission en langue arabe de radio-Tunis le 28 juillet 1958 et a été également confirmée par les déclarations de prisonniers français libérés par les rebelles en juin 1959. En revanche, il n’a pas été possible de recueillir d’information sur les conditions et le lieu de son inhumation. Les militaires français prisonniers et morts en captivité, ne furent pas toujours traités avec humanité comme le prévoit la convention de Genève pour les prisonniers de guerre. Ces prisonniers, dont on ne parle pas, n’ont-ils pas droit à un devoir de mémoire de la part de la France ? Car, depuis plus de 40 ans, on semble bien les avoir oubliés ! Pourquoi les ignorer ?
Les Questions 1) Comment se fait-il qu’il soit nommé Capitaine, à titre non-posthume, le premier juillet 1958, alors que pour le Tribunal de Grande Instance de Troyes et le Ministère de la Défense nationale, selon le jugement du 18 avril 1963 donnent le 5 juin 1958 comme date de son décès ? 2) Comment se pourrait-il que le Lieutenant R Bouchemal ait été aperçu et à deux reprises le 27 juillet 1958, puis, à nouveau le 26 août 1958 et encore le 06 avril 1959 à une quinzaine de km de TASSALA (mechta des Ouled Askeur dans le Nord-Constantinois), alors qu’un renseignement de source protégée, en date du 24 juillet, (année non précisée, et selon la lettre du Ministère des Affaires étrangères du 31 mai 2000 permet d’affirmer que cet officier a été jugé et exécuté par un tribunal rebelle de la wilaya 2 dans la région d’El Milia ? Par ailleurs, Radio-Tunis, le 28 juillet 1958, fait état de la condamnation à mort et de l’exécution du capitaine Bouchemal ? (lettre du 18 mai 2000 du Ministère de la Défense nationale )
3) Pourquoi ces différences de date de décès entre les divers ministères ou services de l’Etat ? Ce qui nous paraît le plus probable serait la thèse du Ministère des Armées qui situe sa date de décès entre avril et juin 1959.
4) Pourquoi le grand public n’aurait-il pas connaissance de la liste de tous les prisonniers du FLN et ceux qui sont revenus soit libérés par le FLN ou par évasion ? Quels sont, par exemple, ces prisonniers libérés au mois de juin 1959 et qui confirment le décès du Capitaine Bouchemal ?
Les épouses et familles des prisonniers disparus voudraient au moins savoir où les corps ont été déposés afin de ramener leurs restes dans la tombe familiale. Ce n’est qu’à cette condition qu’un véritable deuil est possible.
Ce témoignage est la reproduction de l’article qui figure sur le site de Jean Yves JAFFRES. Il est reproduit sur le site de Miages-djebels pour élargir la diffusion de cet appel à témoin. Même à cinquante ans de distance, il est des plaies qui ne se referment jamais.
Voir le site Internet de Jean-Yves Jaffrès http://appelesenalgerie.free.fr/
Pour commander l’ouvrage (Franco de port 27,80 €) écrire à
Jean Yves JAFFRES
28 Av Général de Gaulle
35 150 JANZE
jyjaffres@yahoo.fr
tél 02 99 47 13 02
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